Une vedette des années 60, ça partait pour une carrière entière. Une star des années 2010-2020, ça fait un gros tube, ça se transforme en produit et c'est fini. Greta Thunberg, jeune Suédoise militant pour lutter drastiquement contre le réchauffement climatique, est l'émule activiste des popstars du moment. Voici son histoire.
Après des débuts au parlement suédois, à l'âge de 15 ans, où elle protestait contre «l'inaction climatique» des députés, l'adolescente fut révélée à l'occasion de la conférence de Katowice de 2018 sur les changements climatiques (COP24). Le fond et la forme de sa prestation, jugés authentiques, touchants, furent à l'origine d'un mouvement mondial de fans. Elle devint le symbole des écologistes radicaux, désireux d'un renversement complet du système politique et économique. Plusieurs labels se bousculèrent à ses pieds.
Le gagnant fut un Suisse, le Forum économique mondial 2019 de Davos, qui décrocha en janvier son premier grand tube I want you to panic, entonné en exclusivité devant les caméras. La jeune engagée, arrivée en train (32 heures depuis Stockholm!), y exprimait sa volonté de faire pression sur les chefs d'Etat du monde entier, en leur ouvrant les yeux sur les catastrophes à venir s'ils ne changeaient pas drastiquement de politique face à la menace du réchauffement climatique. Le vers devint une punchline célèbre de l'artiste bientôt confirmée.
S'ensuivit la tournée planétaire indispensable pour espérer rencontrer le succès à l'heure où la publication d'un titre ne suffit plus. La patronne du genre musical «Indignation climatique» fit notamment un passage remarqué au Parlement européen, où elle récita un long discours pro-écologie politique. Le même ton et le même message furent envoyés que lors de ses précédentes interventions. Quand on rencontre un grand auteur-compositeur-interprète, il est rare d'obtenir facilement un propos original. Est-ce de la com'?
Son deuxième grand hit, How dare you? («Comment osez-vous?»), fut officialisé lors du sommet des Nations Unies sur l'action climatique de 2019, auquel elle participa aux Etats-Unis. Elle se rendit dans ce pays en bateau, en signe de lutte contre la pollution, l'avion contribuant de manière conséquente aux émissions de gaz à effet de serre. Un geste salué par les nombreuses personnes la suivant à travers le monde.
Après quoi, ce fut le temps de repartir pour une série de dates, dans des villes clés où la popstar était attendue. Elle passa d'ailleurs par Lausanne, «capitale suisse du climat», lors des grandes manifestations du 17 janvier 2020. Il fut difficile pour les médias de l'aborder. Si bien que La Télé se permit de relayer le lieu où était désormais enfermée cette «persona non grata». A savoir la célébrité.
Puis, plus rien. Un énorme virus se propagea depuis la Chine sur le reste de la Terre et j'imagine que vous devinez lequel. Ladite épidémie se répandit dans les journaux où Greta Thunberg occupait de nombreux articles jusqu'à début 2020. En Mylène Farmer de l'activisme écolo, se faisait-elle désirer?
Peut-être bien. Et sans doute aussi que le statut qu'elle avait acquis entre temps était difficile à vivre au quotidien pour une jeune activiste. Toujours est-il que Greta fit son grand retour au début de ce mois, le 1er juillet. Dans le cadre d'un sommet sur le climat organisé par l’ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, et qui s'est tenu à Vienne, la fille-icône apostropha par Skype l'ensemble des dirigeants politiques et économiques:
Nouvelle charge de #GretaThunberg contre les dirigeants de la planète: #climat pic.twitter.com/Ed5qA5GQRz
— Christophe Grébert (@grebert) July 1, 2021
La star reproche aux gouvernements et chefs d'entreprises de traiter la crise climatique «au mieux uniquement comme une opportunité commerciale pour créer de nouveaux emplois, activités et technologies verts». Quand on commence à se faire connaître avec un certain discours, difficile ensuite de s'en affranchir ou de le faire évoluer. Greta Thunberg, qui n'intéresse plus autant la foule, est la nouvelle célébrité à en faire les frais.
Et puis, ce 14 juillet, on apprenait dans la presse anglo-saxonne que Greta figure dans l'épisode 6 de la série Loki de l'univers Marvel.
Le passage obligé d'une popstar déchue? Ou n'est-ce qu'une pause temporaire dans le parcours d'un individu qui saura se renouveler et – pourquoi pas – nuancer ses propos dans la poursuite de ses objectifs?