La vague de froid qui s'est abattue sur l'Europe à aussi ses avantages: en Occident, on peut désormais mieux s'imaginer ce que c'est que de commencer l'hiver sans logement chauffé. C'est le message que le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky a fait passer à la conférence de solidarité parisienne par vidéoconférence depuis Kiev.
Des millions de ses compatriotes sont privés d'électricité, a expliqué le président. D'autres ont à peine une heure d'électricité et de lumière par jour. Les Russes ont endommagé ou détruit toutes les centrales énergétiques d'Ukraine. D'innombrables petites entreprises ou hôpitaux ne fonctionnent plus qu'avec des générateurs. Selon Zelensky, ceux-ci sont aujourd'hui tout aussi nécessaires que les chars d'assaut ou les gilets pare-balles.
Son épouse Olena, qui avait fait le déplacement à la conférence de Paris, a appelé les personnes présentes à protéger l'Ukraine de la «terreur» des bombes russes sur des cibles civiles. Son pays a besoin de «chaleur et d'espoir».
Après l'Ukraine, l'hôte Emmanuel Macron a immédiatement donné la parole à la Suisse – sans doute parce que c'est elle qui, en tant qu'organisatrice de la première conférence sur l'Ukraine à Lugano, a mis en route tout le processus d'aide. C'est un «petit honneur», voire une «petite victoire», s'est réjoui un porte-parole du président de la Confédération Ignazio Cassis.
Dans son discours, le ministre des Affaires étrangères a raconté les impressions qu'il avait lui-même eues en Ukraine, il y a un mois. La semaine dernière, le Parlement suisse a conclu un accord de 100 millions d'euros sur cette base. En raison de son expérience, la Suisse souhaite avant tout participer à la réparation de centrales électriques et d'établissements de santé.
Le fait que Macron ait officiellement remercié Cassis pour la contribution suisse est sans doute aussi lié à la prise de conscience suivante: La conférence de Lugano avait permis, au milieu de l'été, d'être prêt pour une aide technique concrète aujourd'hui, au début de l’hiver. Sachant que la livraison de générateurs est «aussi importante que les chars d'assaut ou les gilets pare-balles», comme l'a dit Zelensky: sans électricité, les Ukrainiens ne seraient tout simplement pas en mesure de contrer l'attaque russe.
Zelensky a ajouté que son pays avait également besoin, par exemple, de turbines à gaz pour pouvoir remettre en service les centrales électriques. Afin que les Russes ne puissent pas détruire à nouveau ces stations réparées, le premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a demandé des moyens supplémentaires pour la défense aérienne.
Au total, les promesses d'aide réunies à Paris s'élèvent à 1,05 milliard d'euros. S'y ajoutent d'innombrables biens matériels. Pour leur acheminement, l'UE crée à Bruxelles une centrale de coordination. La Suisse délègue un collaborateur ou une collaboratrice dans cette plate-forme qui doit permettre l'acheminement des biens vers un centre de transbordement polonais.
A Paris, l'élan affiché pour l'aide d'urgence d'hiver a été clairement séparé de l'aide à la reconstruction à long terme du pays dévasté. Celle-ci représente une dimension bien plus importante. En marge de la conférence, la conseillère française pour l'Europe de l'Est, Annie Daubenton, a chiffré les coûts de reconstruction en Ukraine à 350 milliards d'euros. La question de savoir qui devra payer ces coûts n'a même pas encore été abordée. (aargauerzeitung.ch)