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Guerre en Ukraine: «On a l'impression de ne faire que survivre»

Natalia Voblikova, center, reacts after knowing that her son Artur was seriously injured after a Russian strike in Kherson, southern Ukraine, Tuesday, Nov. 22, 2022. Artur Voblikov, 13, was injured af ...
Natalia Voblikova, au centre, réagit après avoir appris que son fils Artur avait été grièvement blessé lors d'une attaque russe à Kherson, dans le sud de l'Ukraine.image: keystone/AP/Bernat Armangue

«On a l'impression de ne faire que survivre», raconte un proche de Zelensky

L'invasion russe de l'Ukraine a commencé depuis bientôt dix mois. L'ancien ministre de l'économie et conseiller de Zelensky, Tymofiy Mylovanov, raconte à watson comment la population ukrainienne gère son quotidien en ces temps de chaos.
06.12.2022, 19:06
Kilian Marti
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Ce que l'on ressent pendant 300 jours de guerre peut paraître inimaginable pour beaucoup. Quelque 36 millions d'Ukrainiens, qui se trouveront exactement dans cette situation le 20 décembre, sauront bientôt ce qu'il en est. Quelque 7,7 millions d'autres ont fui le pays depuis l'invasion russe, selon l'ONU.

Pourtant, la majorité des Ukrainiens patientent depuis bientôt dix mois dans leur pays, alors que celui-ci est frappé par des missiles et des coupures d'eau et d'électricité. La vie continue malgré tout pour la population - même si elle est très limitée.

«La vie quotidienne en temps de guerre donne l'impression d'avoir été ramené au siècle dernier», explique à watson Tymofiy Mylovanov, ancien ministre ukrainien de l'Economie et conseiller de Zelensky. Sur le chemin du travail à Kiev, l'Ukrainien prend le temps de parler au téléphone de la situation dans son pays.

Mylovanov est président de l'école supérieure d'économie de Kiev, qui compte plus de 5000 étudiants et professeur extraordinaire à l'université américaine de Pittsburgh, où il enseignait encore quatre jours avant le début de la guerre. Le professeur a alors décidé de prendre l'un des derniers avions pour retourner en Ukraine. «Je savais simplement que l'école aurait besoin de moi à ce moment-là», explique-t-il.

Faire fondre la neige

Depuis février 2022, il vit, comme il le dit lui-même, dans le siècle dernier. L'une des principales raisons en est les coupures de courant quasi quotidiennes, qui durent plusieurs heures. Ce que l'Occident européen redoute depuis des mois fait partie du quotidien en Ukraine: les blackouts. «On vit pendant des jours dans un appartement froid, sans lumière et sans eau - même pas dans les toilettes», explique Mylovanov, qui témoigne régulièrement sur Twitter de la vie en temps de guerre.

Heureusement, le gouvernement fournit de l'électricité à une grande partie de la population pendant une heure ou deux presque chaque jour – lorsque la Russie ne lance pas de missiles. Pendant ce temps, on peut, par exemple, faire chauffer un peu d'eau pour la distribuer dans de grandes cuvettes dans l'appartement. «Cela crée de la chaleur», dit-il.

Mais l'eau va et vient, tout comme l'électricité. C'est pourquoi de nombreux Ukrainiens ramassent de la neige et la font fondre.

«Il est également avantageux d'avoir un réchaud de camping», dit-il. Ou mieux encore: un générateur pour avoir de l'électricité pour le strict nécessaire en cas de blackout.

Pour l'hiver à venir, c'est le bien le plus précieux, estime Mylovanov. Il espère que davantage d'agrégateurs seront fournis par l'étranger.

Difficultés pour les soins de base

Se préparer et anticiper est la prémisse de la vie quotidienne en temps de guerre: «Il est important d'avoir des réserves d'argent liquide.» Les coupures de courant empêchent souvent de payer avec la carte bancaire. Mais le problème, c'est que les distributeurs automatiques de billets dans les villes sont souvent surchargés et vides.

Passer un ou deux jours sans électricité ni eau est possible. Mais dès que cela dure plus longtemps, l'approvisionnement de base devient difficile.

«On a l'impression de ne faire que survivre»
Tymofiy Mylovanov

Selon lui, les populations rurales ont moins de problèmes d'eau et d'électricité. «Il y a des avantages et des inconvénients à vivre dans de petits villages», dit-il.

L'avantage est qu'ils ont des poêles à bois et ne dépendent donc pas de l'électricité pour se chauffer. De plus, il y a souvent une rivière ou une source d'eau propre comme des fontaines à proximité. Il est, toutefois, plus difficile d'obtenir des soins médicaux loin des grandes villes.

«Dans l'ensemble, il est plus facile de survivre dans de nombreux villages»
Tymofiy Mylovanov

Mais comme Mylovanov se trouve à Kiev, il est souvent confronté à de nombreux autres défis, comme par exemple la prise en charge des étudiants à l'école. Il s'agit de payer le logement, la nourriture et l'accès à Internet.

«Les cours ont lieu tous les jours, si nécessaire dans le bunker», raconte-t-il. Cela fonctionne bien. Il faut sept minutes pour mettre toute l'université à l'abri.

Traumatisés et déprimés

Les étudiants seraient reconnaissants qu'on les aide à «se sentir normaux» en temps de guerre. Pour Mylovanov, il est clair que:

«Nos jeunes adultes sont des modèles. Ils sont pleins d'énergie et d'espoir pour la vie qui les attend - malgré les circonstances.»

Lui-même a parfois du mal à rester optimiste, mais il ne le montre pas aux étudiants. «Je ne pleure que lorsque je suis seul», dit-il. Pendant la guerre, il a perdu quelques personnes qui lui étaient proches. Mais pour l'instant, il n'a pas le temps d'y penser.

«Après la guerre, je serai traumatisé et je ferai des dépressions», dit sobrement Mylovanov. Selon lui, il a perdu le sens du danger au cours des derniers mois.

«Quand tu ne te soucies plus d'entendre les bombardements à proximité, c'est là que les problèmes psychologiques commencent»

Il est convaincu que de nombreuses personnes en Ukraine connaîtront une dépression dès qu'elles seront libérées de la Russie. Ce n'est qu'ensuite qu'interviendra le traitement émotionnel, qui durera des décennies.

«Mon projet est de partir très loin pendant un certain temps après la guerre. Dans la nature. Loin de tout.»

Mais il s'agit d'abord de gagner la guerre contre la Russie. Mylovanov déclare: «Depuis 300 ans, nous avons toujours été une région de la Russie. Nous libérer maintenant est peut-être notre dernière chance.» Pour cet objectif, les Ukrainiens prendront bientôt sur eux 300 jours de guerre ─ sans qu'une fin rapide soit en vue.

(traduction par sas)

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