Un évêque espagnol craque pour une autrice de romans sataniques
Fin août, la nouvelle prenait les médias et l'Eglise espagnole par surprise. Fervent catholique, conservateur et exorciste à ses heures perdues, Xavier Novell annonce qu'il quitte ses fonctions. Officiellement, pour «raisons strictement personnelles».
Une démission suspecte
Forcément, ce départ mystérieux, relayé par la presse espagnole, suscite les plus folles rumeurs. Qu'est-ce qui pousserait ce religieux de la première heure, qui fut l'évêque le plus jeune d'Espagne lors de sa consécration en 2010, à jeter l'éponge?
Le 6 septembre, le site d'information Religion Digital a jeté la lumière (divine) sur le pourquoi du comment de cette démission soudaine: Xavier Novell est, selon ses ses propres mots, «tombé amoureux et voulait faire les choses correctement».
Cinquante nuances démoniaques
Les voies du Seigneur sont impénétrables, c'est le cas de le dire. Comme l'explique Le Monde, l'heureuse élue est une femme de 14 ans de moins que lui, séparée et mère de deux enfants. Accessoirement, elle est écrivaine de romans érotiques très crus et sataniques.
Imaginez Cinquante nuances de Grey, mettez-y une bonne dose de citations bibliques, Dieu, le Diable, une bonne dose de luxure, et vous y êtes. Son dernier roman, El infierno en la lujuria de Gabriel («L’enfer dans la luxure de Gabriel»), malheureusement non traduit, se présente comme rien de moins que le récit d’une «lutte entre le bien et le mal, entre Dieu et Satan». Haletant.
C'est l'hôpital (ou l'Eglise) qui se moque de la charité
Le Ciel doit aussi avoir un sacré sens de l'ironie. Xavier Novell n'était pas tout désigné comme le prêtre qui allait briser son célibat pour aller filer le grand amour.
Ultra-conservateur, l'évêque s'était donné pour mission de reconquérir l'Espagne par la religion. Il était connu pour ses prises de parole très radicales dans les médias.
- Il se positionnait contre le préservatif et préconisait la chasteté pour prévenir la maladie.
- Il considérait l'homosexualité comme un pêché dû à «l'absence symbolique de père».
- Il définissait l'avortement comme «l'un des plus grands génocides de l'histoire».
- Il défendait les thérapies de conversion sexuelle, pourtant extrêmement controversées.
Ajoutons pour le plaisir qu'il s'était nommé lui-même exorciste en 2015 et appréciait beaucoup organiser de grands dîners en compagnie de dizaines de fidèles. Il y parlait de «démon, de Jésus et du sexe» pour renforcer leur foi. Très à cheval sur la discipline, il chassait de l'église de la ville les jeunes filles venues faire leur confirmation avec des jupes trop courtes.
En 2011, lors d’un entretien au quotidien El País, il assurait que:
Comme quoi, il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis.
Un petit exorcisme ne ferait pas de mal
Bref, on s'imagine un peu le personnage. Au point qu'aujourd'hui, ce revirement complet pousse certains prêtres à demander que lui soit pratiqué un exorcisme, afin de le guérir d’une «subjugation démoniaque». Des fidèles très déçus ont qualifié le comportement de «lamentable»
La Sœur Lucia Caram, figure médiatique religieuse espagnole, a estimé quant à elle que ce le prélat souffrait manifestement d'une «faiblesse psychologique» et d'un «déséquilibre mental».
D’autres ont préféré rappeler les mots prononcés par le pape François, deux jours après la renonciation de Xavier Novell: «L’hypocrisie dans l’Eglise est particulièrement détestable, (…) malheureusement, il y a de l’hypocrisie dans l’Eglise, avait-il déclaré au Vatican. Tant de chrétiens et tant de ministres sont hypocrites.» Et toc. (mbr)