International
wagner

Russie: les réelles intentions de Wagner contre Poutine

«Le coup de Prigojine était une opération de relations publiques»

Peer de Jong, expert de Wagner, décrypte la rébellion du chef mercenaire Evguéni Prigojine. Il pointe les intentions réelles du patron de Wagner.
25.06.2023, 16:2326.06.2023, 09:01
Stefan Brändle, Paris / ch media

Peer de Jong, que voulait faire Evguéni Prigojine, le patron de Wagner, avec son opération?
Contrairement aux apparences, il ne voulait pas fomenter un coup d'Etat. Il n'a pas pris toute la ville de Rostov, mais seulement quelques bâtiments de l'armée. Et il a interrompu son voyage vers Moscou avant d'avoir atteint la capitale. Prigojine voulait surtout faire pression sur Vladimir Poutine pour obtenir le renvoi du ministre de la Défense Sergei Choïgou et du chef d'état-major Valeri Gerassimov, après que l'armée russe eut bombardé un camp de Wagner.

«Le coup de Prigojine était une opération de relations publiques bien orchestrée, une opération qui restera dans l'histoire»

Mais il ne s'agissait pas d'une tentative de coup d'Etat, comme Mussolini en avait donné l'exemple en 1922 avec la marche sur Rome.

Peer de Jong.
L'expert de Wagner Peer de Jong.Image: PDJ

Cette opération était-elle réfléchie ou Prigojine a-t-il agi de manière impulsive?
Prigojine est un homme d'instinct. Il a senti qu'il pourrait profiter du moment et faire pression sur Poutine. Sachant qu'en Russie, cela se fait, notons-le, par la force. Une fois de plus, on constate qu'il existe en Russie un système mafieux dans lequel le plus fort gagne. Et Prigojine s'est débarrassé de ses deux adversaires internes en une journée. Je pourrais très bien imaginer que Poutine nomme le général Sergueï Sourovikine - plus proche de Prigojine - à la tête de l'armée dans quelques jours.

Poutine sort-il affaibli de ce coup d'éclat de Prigojine?
Cela reste à voir. Bien sûr, il a subi un préjudice d'image. Mais il peut éventuellement renforcer sa position s'il nomme les bonnes personnes, par exemple quelques «faucons» qui, contrairement à Choïgou, veulent utiliser tous les moyens pour gagner la guerre.

👉 Suivez en direct la guerre contre l'Ukraine 👈

Quelles sont les conséquences pour l'Ukraine?
Samedi, les Ukrainiens voyaient déjà la fin de la guerre approcher. Maintenant, la guerre va continuer. C'est évidemment dur pour les Ukrainiens. Mais en même temps, ils peuvent poursuivre leurs efforts pour être admis dans l'Otan et l'UE.

«Tout bien considéré, il est aujourd'hui trop tôt pour dire quelles seront les conséquences de cette marche sur Moscou»

Les discussions vont maintenant commencer au Kremlin - avec la question centrale de savoir si ce sont plutôt les «faucons» comme Sourovikine qui s'imposeront - ou les diplomates comme Sergueï Lavrov, qui plaident pour une interruption lente de la guerre.

Et maintenant, quelle est la situation de Prigojine?
C'est l'homme du moment, il sort renforcé de son coup d'éclat. Il ne faut cependant pas se méprendre sur son rôle: Prigojine n'est pas forcément le belliciste que l'on présente. C'est un homme d'affaires qui a voulu soutenir ses intentions politiques grâce au groupe Wagner.

Traduit et adapté par sas

À Bakhmout, le groupe Wagner menace l’armée russe
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
L'UE emboîte le pas à Trump, et ça ne sent pas bon pour la Suisse
L’Europe devient plus protectionniste, une réaction à la politique économique menée aux Etats-Unis et en Chine. Voici ce que peut signifier ce tournant pour la Suisse.
L’Union européenne (UE) impose de nouveaux droits de douane sur l’acier, et cela concerne aussi la Suisse, qui vient tout juste d’achever ses négociations sur les Bilatérales III (les accords entre la Confédération et les Etats-membres de l'UE). Et, à Berne, la surprise est grande: on ne pensait pas être moins bien traités que les Etats de l’Espace économique européen (EEE, soit les pays de l'UE et l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège).
L’article