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Jeunes Iraniennes intoxiquées au gaz: que se passe-t-il vraiment?

En Iran, les écolières sont victimes de mystérieuses attaques

Depuis le mois de novembre, quelque 800 cas d'intoxication au gaz ont été relevés dans des écoles de filles en Iran. Le phénomène, grandissant, inquiète les familles, tandis que les autorités disent enquêter. La situation en 4 questions.
03.03.2023, 19:0223.02.2024, 09:49
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Que se passe-t-il dans les écoles de filles?

Cette semaine, une centaine de cas d'intoxications au gaz ont été rapportés dans des écoles de filles en Iran. Ceux-ci font écho à un phénomène grandissant et inquiétant dans le pays depuis le début des contestations qui ont éclaté à la suite de la mort de Mahsa Amini.

A chaque nouveau cas, une forte odeur se répand à travers l'établissement, en particulier dans la cour. Quant aux symptômes ressentis par les victimes, il s'agit principalement de maux de tête, et d'une grande difficulté à respirer. Cela peut aller jusqu'à l'évanouissement, aux vomissements, et à une sensation de faiblesse. De nombreuses vidéos sont partagées sur les réseaux, dévoilant des scènes de panique, où les victimes, haletantes et en larmes, sont à terre, tandis que secouristes et pompiers se pressent à leur chevet.

«Maman, on nous a jeté du gaz! Des filles sont tombées à terre. Certaines ont été envoyées par ambulance à l'hôpital. J'ai la tête qui tourne, envie de vomir»
Une conversation d'une lycéenne de 17 ans avec sa maman; ville de Qomle figaro
Pour rappel, dans le sillage de la mort de Mahsa Amini pour un voile mal mis le 16 septembre 2022, de nombreuses révoltes se sont déclenchées en Iran pour contester le régime des Mollahs et sa police des mœurs. Dans les collèges de Téhéran, des lycéennes ont même décidé d'ôter symboliquement leur hijab, afin de réclamer plus de liberté. Dans la rue, le mouvement de contestation continue. En réponse, le régime a mis en place diverses réponses répressives. Le Monde articule le chiffre de 500 civils morts lors des manifestations, et quelque 20 000 personnes placées en détention.

Quelle est l'ampleur du phénomène?

Pendant des semaines, les autorités ont balayé l'idée d'attaques d'un revers de la main, pointant du doigt la «nature faible» des victimes. Mais devant les symptômes persistants de certaines lycéennes, telles que des migraines, des familles se sont réunies devant le siège du gouvernorat de Qom, le 14 février, pour réclamer l'ouverture d'une enquête. Ce à quoi les ministères du Renseignement et de l'Education iraniens ont agréé.

«C'est une guerre! Ils font ça dans une école de filles à Qom pour nous obliger à rester à la maison»
Une femme protestant devant le goverat de Qom en févrierralayé par la bbc

Depuis le mois de novembre, ce seraient plus de 800 élèves qui ont été empoisonnées au gaz dans la ville de Qom, et 400 à Boroujerd (ouest), selon une estimation articulée par la porte-parole de la commission parlementaire de la santé, Zahra Sheikhi.

Les écolières ont de la peine à respirer 👇

Vidéo: twitter

twitter: @ Masih Alinejad

Nombre de familles ont désormais peur d'envoyer leur fille en cours, et plus d'une classe est vide. En signe de solidarité, certains garçons ont provisoirement cessé de fréquenter leur établissement.

Où en est l'enquête?

Sous la pression grandissante, Ebrahim Raïssi, le président iranien, a chargé cette semaine le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, de «suivre l’affaire au plus vite», et d’informer le public sur l’enquête afin de ««balayer les inquiétudes des familles».

Les circonstances exactes de ces attaques ne sont pas encore établies. Elles auraient débuté «dans la ville de Qom, centre névralgique de l’islam chiite en Iran», nous informe Le Monde. Puis l'épiphénomène aurait gagné en force.

En ce qui concerne le gaz, il s'agirait de «composés chimiques disponibles sur le marché, et non d'usage militaire», a révélé pour sa part le vice-ministre de l'Education, Youness Panahi, le 26 février. Quelques secondes avant les attaques, quelques écolières disent avoir aperçu...

«...un petit objet, ressemblant à une petite bombe, jeté de l’extérieur dans la cour d’école, qui a dégagé des fumées»
Le Monde

Pour ce qui est des responsables, il s'agirait, selon les autorités en place, d'individus qui souhaiteraient que les écoles – de filles en particulier – ferment.

Cependant, aucune interpellation n'a encore suivi, alimentant la colère des familles des victimes, qui estiment que les autorités font montre de complaisance. Le phénomène s'est même amplifié: mercredi, dans le nord-ouest du pays, sept écoles ont été touchées par des émanations de gaz, et 108 élèves ont été héliportées à l'hôpital. D'autres villes telles que Téhéran ou Ispahan ont également reporté des charges malveillantes.

Est-ce déjà arrivé ailleurs?

Oui, selon Le Figaro. La méthode fait penser à celle qui avait été employée en Afghanistan, notamment en 2015 dans la province de Hérat. Des écoles avaient été ciblées par la même méthode dans le sillage de l'interdiction faite aux femmes d'étudier, imposée par les Talibans.

Un couple iranien va passer 10 ans en prison pour cette vidéo 👇

Vidéo: watson

Des manifestations, en Iran et ailleurs👇

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Des manifestations, en Iran et ailleurs
Des Iraniennes tiennent des photos de Mahsa Amini, les mains peintes en rouge, lors d'une manifestation devant le consulat d'Iran suite à la mort de Mahsa Amini, à Istanbul, en Turquie, le 17 octobre 2022.
source: epa / sedat suna
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