Cette semaine, une centaine de cas d'intoxications au gaz ont été rapportés dans des écoles de filles en Iran. Ceux-ci font écho à un phénomène grandissant et inquiétant dans le pays depuis le début des contestations qui ont éclaté à la suite de la mort de Mahsa Amini.
A chaque nouveau cas, une forte odeur se répand à travers l'établissement, en particulier dans la cour. Quant aux symptômes ressentis par les victimes, il s'agit principalement de maux de tête, et d'une grande difficulté à respirer. Cela peut aller jusqu'à l'évanouissement, aux vomissements, et à une sensation de faiblesse. De nombreuses vidéos sont partagées sur les réseaux, dévoilant des scènes de panique, où les victimes, haletantes et en larmes, sont à terre, tandis que secouristes et pompiers se pressent à leur chevet.
Pendant des semaines, les autorités ont balayé l'idée d'attaques d'un revers de la main, pointant du doigt la «nature faible» des victimes. Mais devant les symptômes persistants de certaines lycéennes, telles que des migraines, des familles se sont réunies devant le siège du gouvernorat de Qom, le 14 février, pour réclamer l'ouverture d'une enquête. Ce à quoi les ministères du Renseignement et de l'Education iraniens ont agréé.
Depuis le mois de novembre, ce seraient plus de 800 élèves qui ont été empoisonnées au gaz dans la ville de Qom, et 400 à Boroujerd (ouest), selon une estimation articulée par la porte-parole de la commission parlementaire de la santé, Zahra Sheikhi.
twitter: @ Masih Alinejad
Nombre de familles ont désormais peur d'envoyer leur fille en cours, et plus d'une classe est vide. En signe de solidarité, certains garçons ont provisoirement cessé de fréquenter leur établissement.
La tragédie de l'empoisonnement intentionnel des filles dans les écoles de Qom, Téhéran et ailleurs continue et s’étend. Les agents de Khamenei ont remplacé la patrouille des mœurs par ce crime pour se venger des filles du soulèvement. Que la jeunesse s’insurge !#Iran pic.twitter.com/Vx5IOEwfLK
— Maryam Radjavi (@Maryam_Rajavi_F) March 1, 2023
Sous la pression grandissante, Ebrahim Raïssi, le président iranien, a chargé cette semaine le ministre de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, de «suivre l’affaire au plus vite», et d’informer le public sur l’enquête afin de ««balayer les inquiétudes des familles».
Les circonstances exactes de ces attaques ne sont pas encore établies. Elles auraient débuté «dans la ville de Qom, centre névralgique de l’islam chiite en Iran», nous informe Le Monde. Puis l'épiphénomène aurait gagné en force.
En ce qui concerne le gaz, il s'agirait de «composés chimiques disponibles sur le marché, et non d'usage militaire», a révélé pour sa part le vice-ministre de l'Education, Youness Panahi, le 26 février. Quelques secondes avant les attaques, quelques écolières disent avoir aperçu...
Pour ce qui est des responsables, il s'agirait, selon les autorités en place, d'individus qui souhaiteraient que les écoles – de filles en particulier – ferment.
Cependant, aucune interpellation n'a encore suivi, alimentant la colère des familles des victimes, qui estiment que les autorités font montre de complaisance. Le phénomène s'est même amplifié: mercredi, dans le nord-ouest du pays, sept écoles ont été touchées par des émanations de gaz, et 108 élèves ont été héliportées à l'hôpital. D'autres villes telles que Téhéran ou Ispahan ont également reporté des charges malveillantes.
Oui, selon Le Figaro. La méthode fait penser à celle qui avait été employée en Afghanistan, notamment en 2015 dans la province de Hérat. Des écoles avaient été ciblées par la même méthode dans le sillage de l'interdiction faite aux femmes d'étudier, imposée par les Talibans.
Pour vous donner une idée de l'ampleur du drame : selon le recteur de l'université de médecine d'Ardebil #Iran 400 écolières de 11 établissements de la ville ont été transférées aux urgences et 100 filles sont toujours hospitalisées pour empoisennement #IranianSchoolgirls pic.twitter.com/xnqPVlgtEC
— Afchine Alavi (@afchine_alavi) March 2, 2023
Des écolières et lycéennes empoisonnées délibérément par les élèments du régime à Tehransar dans la capitale Téhéran. La série noire de ces empoisonnements au gaz chimiques n'est plus invisible, elle est signée par la dictature aux yeux du peuple #Iran #IranRevolution pic.twitter.com/cryBf0qgOM
— Afchine Alavi (@afchine_alavi) March 1, 2023