Pour la première fois depuis 2016, plus de 600 personnes ont été exécutées en Iran. Les prisonniers d'origine kurde sont particulièrement visés. Pour tenter de sauver la vie du Kurde iranien Ghassem Abesteh, ses amis et codétenus lançaient un dernier appel désespéré dans une «Lettre à l'opinion publique mondiale»:
Leur appel est resté sans réponse. Le matin du 5 novembre, le Kurde de 44 ans de la ville iranienne de Mahabad a été exécuté par pendaison dans la prison de Ghezel-Hesar, en banlieue de Téhéran. Le père de deux enfants avait déjà passé 14 ans en prison.
La crainte que les autorités iraniennes profitent du fait que le monde a les yeux braqués sur la bande de Gaza pour mener des exécutions de masse s'est avérée fondée. Au moins 45 personnes auraient été mises à mort au cours des neuf premiers jours de novembre en Iran, selon l'organisation norvégienne de défense des droits de l'homme Hengaw.
Depuis le début de l'année, Amnesty International a recensé 649 exécutions, dont 114 depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Ainsi, la République islamique a dépassé pour la première fois depuis 2016 le seuil de 600 exécutions en une année. Selon Amnesty, de nombreuses condamnations à mort ont été exécutées pour des délits liés à la drogue dans les provinces du sud-est de Sistan et Belutschistan.
Les exécutions sont un instrument d'intimidation et doivent être considérées comme politiques. La Société internationale des Droits de l'Homme (SIDH) indique dans un rapport :
La plupart des personnes arrêtées auraient été soumises à une «torture psychique et physique extrême» avant leur exécution, selon un rapport publié la semaine passée sur la plateforme X par le groupe d'aide aux détenus Iran Detainees.
En ce qui concerne Ghassam Abesteh, exécuté à Karaj le 5 novembre, son procès n'a duré que quelques minutes. Sa condamnation à mort aurait été motivée par l'appartenance de l'accusé au groupe ethnique kurde et à la communauté religieuse sunnite.
Mahsa Amini, décédée en septembre 2022 après son arrestation par la police des mœurs, était également kurde. Celle qui était surnommée Jina avait été arrêtée pour avoir porté son voile de manière «inappropriée».
Sa mort a déclenché la plus grande vague de protestations en Iran depuis la fondation de la République islamique en 1979, avec le slogan «Femme, Vie, Liberté». Le régime a réagi par une violence et une répression massives. Des condamnations à mort ont été prononcées contre 25 manifestants. Des centaines d'Iraniens attendent leur procès en prison. L'objectif du mouvement de protestation est le renversement du régime, mais celui-ci est toujours bien en place.
Il est à craindre que la guerre dans la bande de Gaza renforce les forces extrémistes soutenues par l'Iran au Moyen-Orient. Reste à voir si le régime de Téhéran en tirera également profit.
(Traduit et adapté de l'allemand par Tim Boekholt)