L'armée israélienne a repris vendredi ses bombardements dans la bande de Gaza après la fin de la trêve en vigueur depuis une semaine. Elle a accusé le mouvement islamiste palestinien Hamas d'avoir violé la pause.
Dès les premières explosions, alors que le gouvernement du Hamas faisait état d'une frappe aérienne ayant tué six personnes à Rafah (sud), des milliers d'habitants ont repris la route des hôpitaux et des écoles devenus camp de fortune pour les déplacés, ont constaté des journalistes de l'AFP à travers la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du mouvement islamiste a fait état peu après de 32 morts, dont des enfants, dans des bombardements israéliens sur la bande de Gaza.
L'armée israélienne a annoncé avoir intercepté un tir de roquette, non revendiqué dans l'immédiat, de la bande de Gaza à une heure environ de l'échéance de la trêve, qui était fixée à 7h locale (6h en Suisse).
Dans la foulée, des témoins ont fait part à l'AFP de vols intenses d'avions militaires et de drones dans les zones nord-ouest de la ville de Gaza. Quelques minutes après l'expiration, un journaliste de l'AFP a témoigné de frappes aériennes et de tirs d'artillerie israéliens sur cette ville.
L'armée israélienne a confirmé avoir «repris» ses frappes sur une partie de ce territoire, accusant le Hamas d'avoir «violé» la trêve en tirant vers le territoire israélien.
Vendredi matin, une source informée des tractations a indiqué à l'AFP que les négociations sur la trêve à Gaza avec les médiateurs qatari et égyptien se poursuivent en dépit de la reprise des hostilités.
Plus tôt dans la nuit, six Israéliens ont été libérés par le Hamas, après deux autres en journée. Ils sont rentrés en Israël, dans le cadre d'échanges avec des prisonniers palestiniens détenus en Israël.
Dans le cadre de la reprise des combats, les autorités israéliennes ont réinstauré des restrictions qui étaient en vigueur avant la trêve. Dans plusieurs zones du pays, les écoles ne peuvent ainsi ouvrir que si elles sont dotées d'un abri aux normes.
Signe aussi d'une situation toujours fragile, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, avait revendiqué une attaque meurtrière jeudi à Jérusalem fatale pour quatre Israéliens, selon un nouveau bilan.
Le Hamas s'était néanmoins dit prêt à prolonger la trêve dans la bande de Gaza, après un appel du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken à poursuivre la pause des combats, à quelques heures de son expiration vendredi.
La trêve, prolongée à deux reprises après son entrée en vigueur le 24 novembre, avait mis fin à sept semaines de bombardements israéliens dévastateurs sur le territoire palestinien assiégé, en représailles à l'attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien.
Cette pause, négociée par le Qatar, les Etats-Unis et l'Egypte, a permis la libération de dizaines d'otages retenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre et de trois fois plus de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire palestinien.
Jeudi, Anthony Blinken assurait vouloir persévérer et voir ce processus avancer.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait appelé à prolonger la trêve, lors d'un déplacement en Israël et en Cisjordanie occupée, où il s'est respectivement entretenu avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas.
En cas de reprise des combats, «des plans de protection humanitaire des civils doivent être mis en place afin de minimiser les morts de Palestiniens innocents», avait ajouté le secrétaire d'Etat.
La trêve a permis la libération de 80 otages israéliens, des femmes et des enfants, et de 240 prisonniers palestiniens. Une vingtaine d'étrangers ou bi-nationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors du cadre de l'accord.
L'armée israélienne a estimé qu'environ 240 personnes avaient été prises en otage et emmenées dans la bande de Gaza lors de l'attaque du 7 octobre. Cette attaque a fait environ 1200 morts en Israël, en majorité des civils, selon les autorités.
Sur la base de documents internes, le New York Times soutient d'ailleurs vendredi que des responsables israéliens avaient obtenu plus d'un an à l'avance le plan du Hamas visant à mener une attaque sans précédent contre Israël, mais avaient jugé ce scénario irréaliste.
D'après le gouvernement du Hamas, plus de 15 000 personnes, dont au moins 6150 enfants et jeunes âgés de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes.
L'accord de trêve avait permis d'accélérer l'arrivée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, où de longs convois de camions sont encore entrés jeudi depuis l'Egypte. Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et placé depuis le 9 octobre en état de siège total par Israël.
Selon l'ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements endommagés ou détruits. Plusieurs centaines de milliers de civils ont fui le nord du petit territoire, dévasté par les combats, pour chercher refuge dans le sud. (sda/ats/afp/svp)