Face à la guerre, ce jeu est plus que cynique: tuer des soldats israéliens en tant que terroriste palestinien et libérer le pays de la «force d'occupation». C'est possible dans un jeu proposé depuis 2021 sur Steam, l'une des plus grandes plateformes de jeux informatiques au monde. En Allemagne, le téléchargement est bloqué, mais pas en Suisse. Nos recherches montrent qu'il est en réalité facile de se procurer le jeu partout en Europe.
La semaine passée, le fabricant avait mis en ligne une nouvelle édition. Fursan al-Aqsa: The Knights of the Al-Aqsa Mosque est le nom du jeu du développeur brésilo-palestinien Nidal Nijm. Celui qui joue se glisse dans le rôle d'Ahmad al-Falastini, un étudiant palestinien fictif. Selon la description, le personnage aurait été «injustement torturé et emprisonné pendant cinq ans par des soldats israéliens», la famille du personnage aurait été «tuée lors d'une attaque aérienne israélienne».
Le jeune homme veut désormais se venger de ceux «qui lui ont fait du tort, qui ont tué sa famille et volé sa terre natale». C'est pourquoi il rejoint un mouvement de résistance palestinien fictif appelé Fursan al-Aqsa. La mosquée al-Aqsa de Jérusalem est l'un des lieux les plus sacrés du monde pour les musulmans. Ce lieu est également sacré pour d'autres groupes religieux, comme le judaïsme.
La mosquée est régulièrement au centre d'affrontements. La deuxième intifada a été appelée «intifada al-Aqsa», les attaques terroristes du 7 octobre ont été qualifiées par le Hamas «d'opération déluge al-Aqsa». L'objectif de ces actions est de placer la mosquée sous contrôle musulman. Depuis 1967, la mosquée est sous contrôle israélien.
Le concepteur du jeu veut montrer le côté palestinien du conflit. Il ne viserait pas à propager la haine contre les juifs, dit-il. Le jeu lui-même glorifie cependant les attentats-suicides, il permet au joueur de décapiter ses ennemis de manière brutale avec un sabre, toujours dans le but de tuer «tous les sionistes». Le tout est accompagné de cris «Allahu Akbar» et d'un culte du martyr. Si l'on meurt dans le jeu, un slogan apparaît:
Dans une séquence, on peut également voir sur une bannière en arrière-plan la politicienne du Front populaire de libération de la Palestine, Leila Chaled. Elle est considérée comme l'une des premières femmes pirates de l'air au monde et a participé à plusieurs détournements.
Peu avant la sortie du jeu, le Parlement européen a discuté d'un blocage en vertu du règlement visant à lutter contre la diffusion de contenus terroristes sur Internet. Pour ce faire, les Etats membres doivent agir eux-mêmes ou mandater Europol.
Toutefois, un test a montré à quel point il est facile de contourner ces blocages. Nous avons simplement écrit au développeur du jeu: «Le jeu n'est pas disponible dans mon pays - peux-tu quand même faire quelque chose?» En peu de temps, Nidal Nijm nous a répondu:
Adaptation en français: Daphnée Lovas