Avec ses frappes aériennes sur les positions du Hezbollah au Sud-Liban, Israël poursuit un objectif clair: l'armée veut forcer le Hezbollah pro-iranien à se retirer derrière le fleuve libanais Litani, qui se jette dans la Méditerranée à environ 30 kilomètres au nord de la frontière israélienne.
Long de 150 kilomètres, le Litani est un symbole des conflits au Sud-Liban. La première incursion d'Israël dans la région en 1978, qui visait l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), portait déjà le nom de code «Opération Litani». Les soldats israéliens étaient alors parvenus jusqu'au fleuve.
Quatre ans plus tard, Israël a de nouveau envoyé des troupes au Liban et a contraint les dirigeants de l'OLP à fuir à l'étranger. Après la fin de la guerre en 1985, Israël a contrôlé pendant 15 ans certaines parties du Sud du Liban.
Aujourd'hui, Israël lutte contre le Hezbollah, fondé au début des années 1980 par des chiites libanais avec l'aide de l'Iran. Depuis le début de la dernière escalade la semaine dernière, près de 500 personnes ont été tuées dans des attaques israéliennes au Liban. Israël a accusé le Hezbollah d'avoir installé des lance-roquettes dans des habitations civiles.
Le gouvernement israélien fait remarquer que le Hezbollah viole la résolution 1701 de l'ONU en installant des armes au sud du fleuve Litani. Le gouvernement libanais et le Hezbollah rétorquent qu'Israël viole lui-même la résolution.
La résolution 1701 du Conseil de sécurité a mis fin en 2006 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah. Elle obligeait la milice à retirer toutes ses troupes et ses armes de la zone située entre le Litani et la frontière israélienne; l'armée israélienne devait quitter le Liban. Une zone tampon d'environ 30 kilomètres de large, patrouillée par les troupes de l'ONU, a ainsi été créée entre Israël et le Hezbollah.
Le nord d'Israël a ainsi été temporairement protégé d'une partie des armes du Hezbollah: De nombreuses roquettes de la milice ont une portée de moins de dix kilomètres.
Après 2006, les soldats de l'ONU n'ont pas pu empêcher que les combattants et les missiles du Hezbollah soient à nouveau déplacés vers le sud via le Litani. Le gouvernement libanais accuse Israël de violer la souveraineté libanaise par des attaques aériennes et d'autres actions. Pourtant, la situation au Sud-Liban est restée relativement stable pendant près de 20 ans.
La situation a changé en octobre dernier, lorsque le Hezbollah a commencé à lancer des attaques de roquettes presque quotidiennes sur Israël, en soutien au Hamas à Gaza, et qu'Israël a riposté. Des dizaines de milliers d'habitants du nord d'Israël et du sud du Liban ont été déplacés par les combats.
Avec ses nouvelles attaques au Liban, Israël veut à présent repousser le Hezbollah au-delà du fleuve Litani, afin que les civils israéliens puissent retourner dans le nord du pays. Si la communauté internationale n'applique pas la résolution 1701, Israël le fera lui-même, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Israël Katz.
Simon Waldman, expert du Proche-Orient au King's College de Londres, voit dans la réactivation de la ligne de démarcation de l'ONU sur le fleuve Litani la seule possibilité de stopper la nouvelle spirale de la violence. Si les Etats-Unis veulent que leur partenaire Israël cesse d'escalader le conflit avec le Hezbollah, ils doivent «trouver un mécanisme quelconque pour mettre en œuvre la résolution 1701», explique Waldman. Toute solution qui ne tiendrait pas compte de ce point serait comprise comme une défaite en Israël, estime-t-il.
Aucune solution ne se dessine encore. Le gouvernement israélien réfléchit donc à une nouvelle occupation du sud du Liban. Depuis plusieurs jours, des unités de chars israéliens sont déployées à la frontière avec le Liban. Le fleuve Litani pourrait bientôt être à nouveau la cible d'une incursion israélienne.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)