Les frappes israéliennes contre le Hezbollah ont fait 492 morts lundi au Liban, dans le sud et l'est du pays selon le Centre des opérations d'urgence du ministère de la Santé. Plus de 1600 personnes ont été blessées.
Ces frappes aériennes marquent l'escalade la plus meurtrière depuis le début, il y a bientôt un an, des échanges de tirs transfrontaliers quasi quotidiens entre le Hezbollah et l'armée israélienne, en marge de la guerre à Gaza.
Le bilan humain n'a cessé de s'alourdir au fil des heures. Le Centre des opérations d'urgence du ministère de la Santé dans un nouveau décompte en soirée a déclaré:
«C'est une catastrophe, un massacre», affirme à l'AFP Jamal Badrane, un médecin de l'hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud. «Les frappes n'arrêtent pas, ils nous ont bombardés alors qu'on retirait des blessés», dit-il.
L'armée israélienne a indiqué dans la soirée avoir frappé ces dernières 24 heures 1300 cibles du Hezbollah, qui tire des roquettes depuis près d'un an vers le territoire israélien en soutien au Hamas palestinien, en guerre contre Israël dans la bande de Gaza.
L'armée a aussi annoncé une «frappe ciblée» à Beyrouth, visant, selon une source proche du Hezbollah, le commandant pour le front sud de cette formation, qui a annoncé qu'il allait «bien», «en lieu sûr».
«C'est une catastrophe, un massacre», affirme à l'AFP Jamal Badrane, un médecin de l'hôpital du Secours populaire à Nabatiyé, une ville du sud.
Fuyant dans la panique, des milliers de familles ont été déplacées des zones bombardées, selon le ministère de la Santé.
Mardi, l'armée israélienne a indiqué que plus de 50 projectiles avaient été tirés mardi matin vers le nord d'Israël depuis le Liban, où les échanges de tirs transfrontaliers depuis des mois avec le mouvement islamiste Hezbollah se sont intensifiés ces derniers jours.
De 09h36 (08h36 suisse) à 09h44 (08h44), plus de «50 projectiles» ont été identifiés comme traversant le territoire israélien depuis le Liban, «la majorité ont été interceptés et plusieurs projectiles» ont endommagé des bâtiments dans la zone, a indiqué l'armée dans un communiqué.
En riposte, l'armée israélienne a indiqué mardi avoir mené une frappe sur Beyrouth. Une source de sécurité libanaise a dit pour sa part qu'une frappe israélienne avait visé la banlieue sud de Beyrouth. «L'armée israélienne a mené une frappé ciblée à Beyrouth. Les détails suivront», a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué, sans plus de précision. Elle avait annoncé plus tôt des bombardements visant des infrastructures du Hezbollah.
Depuis New York, où se tient l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre des affaires étrangères français Jean-Noël Barrot a annoncé lundi que Paris demandait la convocation d'une «réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le Liban cette semaine». «Nous sommes au bord d'une guerre totale», s'est pour sa part alarmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
En une journée, l'armée a «neutralisé des dizaines de milliers de roquettes et de munitions», a affirmé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, estimant que le Hezbollah vivait sa «semaine la plus difficile depuis sa création» en 1982.
Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé qu'Israël était en train d'inverser le «rapport de forces» dans le nord du pays, où il est déterminé à permettre le retour des dizaines de milliers d'habitants déplacés, lors d'une rencontre sécuritaire à Tel-Aviv, selon son bureau.
Le Hezbollah a affirmé avoir riposté avec des dizaines de roquettes tirées dans le nord d'Israël, précisant avoir visé «les principaux entrepôts» de l'armée dans la zone, et une caserne militaire.
En début de soirée, les sirènes d'alerte ont retenti à Haïfa, le grand port du nord d'Israël, dont les environs avaient été atteints dimanche pour la première fois par des tirs de roquettes.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) déconseille depuis lundi soir de se rendre en Israël. Le gouvernement israélien a déclaré lundi un état d'urgence spécial (Special State of Emergency) pour l'ensemble de son territoire, notent les services du conseiller fédéral Ignazio Cassis. Cet état d'urgence a une durée indicative de sept jours, relève le DFAE, qui a actualisé lundi soir sa page de conseils pour les voyageurs qui comptaient se rendre en Israël.
Face à cette escalade de violence, la population libanaise commençait à se presser aux frontières syriennes. «Environ 500 Libanais ont traversé la frontière par les postes-frontières d'al-Qusayr et Dabousiya entre (lundi) 16h00 et minuit», a déclaré ce responsable, sous couvert d'anonymat. Mardi, «des véhicules continuaient d'affluer dans les premières heures du matin (...) se dirigeant vers Homs et de ses environs», a-t-il ajouté.
Le Hezbollah soutient depuis 2013 le président syrien Bachar al-Assad, confronté à un soulèvement populaire en 2011 qui a dégénéré en guerre civile.
Ossama Bilal, un chauffeur de taxi, a indiqué que des «dizaines de voitures aux plaques d'immatriculation libanaises voulant aller à Damas» se trouvaient au poste-frontière de Masnaa, situé dans la vallée de la Békaa (est), frappée par des raids israéliens lundi.
Firas Makki, qui a fui la Békaa, bastion du Hezbollah, a précisé qu'il se dirigeait avec sa famille vers Damas. «Il n'y a pas de localité dans la région de Baalbek qui n'ait pas été ciblée». (sda/ats)