La surprise et la peur ont rapidement cédé la place à l'horreur, samedi matin, lorsque l'attaque du Hamas contre Israël s'est muée en massacre de civils. Et puis, un autre sentiment a commencé à faire surface: l'incompréhension, voire la colère. Comment se fait-il que le renseignement israélien, réputé pour être le meilleur du monde, n'ait pas vu venir une opération d'une telle ampleur?
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Ce qui rend la situation particulièrement délicate, c'est que les autorités militaires israéliennes n'ont pas seulement été totalement prises de court par l'attaque du Hamas; elles auraient ignoré de nombreux signaux d'alarme. C'est ce qui ressort de plusieurs articles de presse publiés à la suite de l'assaut palestinien.
Mercredi, par exemple, l'élu américain Michael McCaul a assuré que l'Egypte avait alerté Israël sur des risques de possibles violences «trois jours» avant l'attaque, en vain. Un jour plus tard, Axios révélait que la nuit précédant l'assaut, les services secrets israéliens avaient détecté des signes d'activité irrégulière à Gaza, mais avaient décidé de ne pas mettre en état d'alerte les forces militaires aux frontières de l'enclave.
Mais l'indice le plus important quant aux plans du Hamas a été diffusé par le Hamas lui-même. Le 12 septembre, soit un mois avant l'attaque, le groupe islamiste a publié sur ses réseaux sociaux une vidéo de propagande montrant une attaque simulée qui se trouve être l'exacte réplique de ce que les miliciens accompliront le 7 octobre.
Sur les images, on voit des combattants utilisant des explosifs pour faire sauter une reconstruction de la barrière frontalière, s'infiltrer dans des camionnettes, puis se déplacer bâtiment par bâtiment à travers une reconstitution à l'échelle réelle d'une ville israélienne, en tirant à l'arme automatique sur des cibles de papier à la silhouette humaine.
Une «répétition générale très publique», résume l'agence de presse AP, qui a repéré la vidéo.
En se servant d'images satellites, l'AP a été en mesure de localiser la ville fictive et le terrain d'entraînement montrés dans la vidéo. La première se trouve dans une zone désertique proche d'Al-Mawasi, une ville palestinienne située sur la côte méridionale de la bande de Gaza. Un grand panneau en hébreu et en arabe à l'entrée indique «Horesh Yaron», le nom d'une colonie israélienne controversée en Cisjordanie palestinienne occupée.
Dans une autre vidéo du même style, publiée fin décembre 2022, on voit des combattants du Hamas prendre d'assaut ce qui semble être une base militaire israélienne fictive, avec un modèle grandeur nature d'un char d'assaut. Des miliciens armés se déplacent dans les bâtiments et prennent en otage d'autres hommes jouant le rôle de soldats de Tsahal.
Interrogé par l'AP, un colonel israélien à la retraite a déclaré qu'il était au courant des vidéos du Hamas, mais qu'il avait été pris au dépourvu par l'ambition et l'ampleur de l'attaque de samedi.
(asi)