Un soldat israélien chrétien est mort à Gaza. La croix sur sa tombe dans un cimetière de Tsahal gêne et doit être retirée. La famille du défunt est dépitée. Réaction du rabbin genevois François Garaï.
30.10.2024, 20:5830.10.2024, 23:23
C’est l’incompréhension chez les Bogdanovskyi. Le ministère de la Défense israélien leur demande de gommer la croix orthodoxe ornant la tombe de leur fils David, tombé à 19 ans à Khan Younès dans la bande de Gaza, le 23 décembre dernier, rapporte Le Figaro, citant le Jerusalem Post. Le jeune homme combattait dans les rangs de Tsahal. Il a été enterré avec ses camarades morts à ses côtés dans le cimetière militaire de Haïfa, dans le Nord d’Israël.
Le ministère de la Défense au Jérusalem Post :
«Il n'est pas permis de placer une croix ou tout autre signe religieux sur une pierre tombale militaire»
Le ministère de la Défense israélien
D’abord, comment expliquer la présence de ce chrétien israélien dans les rangs de Tsahal, sachant que les chrétiens combattant dans l'armée israélienne sont très peu nombreux? Le jeune homme et sa famille, de confession orthodoxe, avaient quitté l’Ukraine pour Israël en 2014 au titre d’une loi permettant aux membres non-juifs d’une famille d’origine juive d’émigrer.
Ensuite, pourquoi la présence d'une croix sur la tombe de David Bogdanovskyi gêne-t-elle?
La croix aurait offensé des familles de défunts enterrés à proximité, les empêchant même de faire le kaddish, la prière du deuil
Le Figaro
Le grand rabbin séfarade a même ajouté que cette croix porte atteinte à «la sainteté» du lieu. «A ce titre, nous sommes engagés depuis longtemps avec la famille Bogdanovskyi dans des discussions honnêtes et sincères pour parvenir à un accord», a indiqué le ministère de la Défense. Une loi de 2013 autorise les soldats israéliens, quelle que soit leur religion, à être enterrés dans les mêmes cimetières militaires, sans signes religieux sur les tombes.
La tombe en question

Joint par watson, François Garaï, rabbin de la communauté juive libérale de Genève, explique que «tout ce qui est religieux en Israël est placé sous la juridiction d’organismes rabbiniques étatiques».
«Les cimetières militaires sont de facto juifs et sont gérés par des responsables religieux juifs, bien que des non-juifs puissent y être enterrés dans un cadre militaire»
Le rabbin François Garaï
«Sinon, poursuit le rabbin genevois, les cimetières en Israël sont confessionnels, juifs, chrétiens ou musulmans.»
La croix dans le carré juif d'un cimetière genevois
François Garaï se souvient d’une anecdote en forme de morale. Elle concerne Genève.
«Une sorte de carré juif avait été attribué à la communauté juive de Genève au cimetière municipal de Saint-Georges, au Petit-Lancy. S’y trouvait une croix attenante à une tombe. Certains, dans la communauté juive, avaient souhaité que la croix soit retirée. Je m’étais opposée à cette demande et l’on avait attendu que la concession de cette tombe chrétienne arrive à son terme pour ôter la croix.»
Le rabbin François Garaï
Sujet sensible que les signes religieux, même pour les morts.
«Les juifs ont en mémoire le temps où ils n’avaient pas le droit d’enterrer leurs défunts dans les cimetières chrétiens»
Le rabbin François Garaï
En Israël, la mère du soldat David Bogdanovskyi ne cache pas son dépit. «David aimait Israël du fond du cœur. La croix gravée sur sa pierre tombale faisait partie intégrante de son identité personnelle et de la foi dans laquelle il a été élevé», a-t-elle écrit sur Facebook.
«Je pensais que mon David, qui a donné sa vie à son pays, qui a aimé son pays de tout son cœur pendant neuf ans, depuis son alyah (réd : départ vers Israël), qui a rejoint l'armée israélienne pour me défendre, sa famille et nous tous, n'était pas différent des autres, [et] n'était pas un citoyen de seconde classe.»
La mère de David Bogdanovskyi, Le Figaro
Elle a ajouté: «Je me tenais là et pleurais de colère, de frustration et d'incompréhension.»
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