En éliminant son chef charismatique Yahya Sinwar, Israël a porté un coup très dur au Hamas. Est-ce bientôt la fin de l’occupation israélienne dans le territoire palestinien, où plus de 40 000 personnes ont été tuées depuis le massacre du 7 octobre? «A Gaza, tout ce que peut espérer obtenir une force comme Israël d’un point de vue militaire l’a été ou à peu près», constate Gil Mihaely, le directeur de la revue française Conflits. «Il lui reste maintenant à finir ce qui n’a pas été fait.» Autrement dit, obtenir des garanties.
Quelles garanties Israël demande-t-il? A Gaza, la garantie que le Hamas, ou tout autre groupe, ne puisse reconstituer le moindre stock d’armes lui permettant de tirer des roquettes sur l’Etat hébreu ou d'y commettre un massacre comme celui du 7 octobre.
En face, à présent que Yahya Sinwar est mort, se pose la question du leadership, partant, de la gestion des otages, «assurément le butin le plus précieux pour le Hamas ou ce qui en tient lieu désormais à Gaza». Plusieurs hypothèses ou options sont possibles, estime Gil Mihaely.
On sait donc ce que veut Israël: le retour des otages restants, vivants si possible, et, pour après, le droit d’intervenir préventivement dans la bande de Gaza.
Mais qu’espérait et qu’espère peut-être encore le Hamas?
Le gouvernement israélien ne voulait pas de cet arrangement, car cela signifiait le maintien du Hamas au pouvoir, et la possibilité pour ce dernier de reformer son arsenal sans que Tsahal ait les moyens d’intervenir à titre préventif pour l’éviter. «C’est là-dessus que les négociations ont buté jusqu’à maintenant», affirme Gil Mihaely.
Face au Hezbollah, malgré les récriminations des Etats-Unis et de la France, «Israël sait qu’il dispose d’une plus grande légitimité dans sa guerre que dans celle menée contre le Hamas à Gaza», juge Gil Mihaely. Les Israéliens estiment avoir les résolutions de l’ONU de leur côté, à commencer par la 1701, qui oblige le Hezbollah, déployé au Sud-Liban face à Israël, à replier ses forces du sud au nord de la rivière Litanie.
L’Iran est une tout autre affaire, croit savoir Gil Mihaely.
Selon Gil Mihaely, la situation israélo-irannienne rappelle celle de la guerre froide. «De la même manière que Washington ne veut pas la chute de Poutine par crainte de l’anarchie en Russie, il ne veut pas, pour l’heure, d’une chute des mollahs, qui pourrait aboutir à une catastrophe régionale.»