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Images de guerre en Israël: comment démêler le vrai du faux?

epa10935546 An Israeli Merkava tank in action during maneuvers at an undisclosed location along the border with Lebanon, in Israel, 24 October 2023. Tensions continue to rise at the border between Isr ...
Un char israélien Merkava en action à la frontière libanaise, octobre 2023.Image: keystone

Des civils ont-ils été tués? Une experte décrypte cette vidéo avec nous

Depuis le début du conflit en Israël les images sont employées dans les deux camps pour raconter l'horreur de l'adversaire. Mais comment savoir si elles sont vraies? Décryptage avec une experte.
02.11.2023, 05:0002.11.2023, 08:20
Julian Wermuth
Julian Wermuth
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Les réseaux sociaux sont inondés d’images et de vidéos montrant les atrocités du conflit israélo-palestinien. Les deux camps sont régulièrement accusés d'avoir manipulé les vidéos en question. Car il s'agit aussi d'une guerre d'image, où l’ennemi doit être perçu comme le pire des barbares.

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Comment les utilisateurs perçoivent-ils de telles vidéos? Comment identifier les indices qui prouvent qu'il s'agit d'images trafiquées? Avec l'aide d'une experte, nous avons décortiqué les images d'une vidéo. Il nous apprend à éviter de tomber dans le piège des fake news.

Exemple concret

Une vidéo a été publiée sur les réseaux sociaux lundi. Sur l'extrait en question, on voit un char tirer sur une voiture. Une légende accompagne ces images: Un char israélien a tiré sur un véhicule civil, tuant trois membres d'une famille palestinienne.

Les images en question 👇

Vidéo: youtube

A en croire la légende, il s’agirait d’un crime de guerre commis par les forces armées israéliennes.

Nous avons montré la vidéo à Catherine Gilbert. Elle est fact-checker à l'agence de presse suisse Keystone-SDA.

Catherine Gilbert travaille à l'agence de presse suisse Keystone-SDA en tant que fact-checker depuis 2020.
Catherine Gilbert travaille à l'agence de presse suisse Keystone-SDA en tant que fact-checker depuis 2020.Image: zvg

Première étape: remise en question

La première étape est toujours la même: questionner. Il ne faut pas accepter l'information simplement telle qu'on nous la présente.

«Vous devez d'abord être très critique et ne pas partager la vidéo immédiatement. Vous pourrez alors voir s’il existe une source fiable qui en a parlé. Quand la vidéo a-t-elle été publiée pour la première fois?»

Dans notre étude de cas, certaines plateformes d’information anglophones l’ont déjà fait:

Tous deux ont parlé à un témoin de la scène. Le photographe indépendant Bashar Talib. Son collègue, un journaliste local nommé Youssef Al-Saifi, a enregistré la vidéo et l'a mise en ligne sur Instagram.

Selon Bashar Talib, la vidéo a été prise lundi dans la rue Salah ad-Din, l'une des artères les plus importantes de la bande de Gaza.

Deuxième étape: faire ses propres recherches

Si aucun média (réputé) n’en a encore parlé, vous pouvez faire vos investigations.

«Une recherche d'images croisées est la première chose que vous pouvez faire. Parfois, d’anciennes vidéos sont utilisées et replacées dans un nouveau contexte. Si la vidéo était déjà apparue avant l’offensive israélienne, elle peut être identifiée comme fausse.»

Dans la vidéo que nous avons prise pour exemple, ce n'est pas le cas. Ensuite, vous pouvez essayer de retrouver la localisation vous-même. «Il y a des bâtiments importants dans cette vidéo qui facilitent la géolocalisation», explique Catherine Gilbert. Et sinon, il est utile de consulter les commentaires. «Souvent, quelqu'un a déjà localisé le lieu de l'événement ou des personnes qui y sont déjà allées nous contactent».

Et en effet: «l'intelligence collective» dans un fil
Twitter a trouvé l'endroit assez rapidement.

Demandez-vous: que voyez-vous réellement? Est-ce réaliste? Quelles sont les réactions de ceux qui filment? Est-ce adapté à la situation? Dans cette vidéo, les témoins roulent en même temps que le passager filme. Il zoome. Puis il y a une explosion. Ils s'en vont immédiatement. La réaction semble compréhensible, le travail de la caméra est réaliste.

La vidéo semble donc réelle. Mais les informations fournies sont-elles correctes?

Troisième étape: Fact Checking

C'est là que les choses se compliquent dans notre analyse. Plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont indiqué que trois civils étaient morts dans l'explosion. L'affirmation vient de la vidéo elle-même, une personne dit en arabe que la voiture a été touchée et que l'homme ainsi que sa famille sont morts.

Qu'en pense notre experte? «Au sujet de la source, vous pouvez vous demander: qui a posté ça? Est-ce une personne, un média reconnu? La source est-elle fiable?»

Dans notre cas, les informations officielles sur le nombre de victimes manquaient. Sur la vidéo, on ne peut pas dire qui est dans la voiture ni si elle a réellement été touchée. Catherine Gilbert déclare:

«Je ne sais pas qui est dans la voiture. Il n’y a aucun autre indice. Je serais donc très prudente quant au contenu de cette vidéo»

Conclusion

Si on résume, il est impossible de répondre à la question cruciale de savoir si des civils innocents ont été tués. Que faire alors?

«Je n’irais pas plus loin. Je ne partagerais les images sous aucun prétexte, même si ce qui est représenté est émouvant. Les créateurs de fake news aiment jouer avec nos émotions. Je laisserais simplement la vidéo telle quelle. Je pense qu'il est délicat de divulguer des choses dont on ne peut pas être sûr à 100%. En fin de compte, cela sert de propagande. Et du point de vue de l’utilisateur, même si c'est fait de manière inconsciente, cela revient à prendre parti.»
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