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Ashley Biden: la folle histoire de son journal intime volé

Ashley Biden: le récit fou de son journal intime
Le journal intime d'Ashley Biden avait été volé et vendu en 2020. La coupable a été condamnée mardi.image: getty, montage: watson

Le secret de la fille Biden

C'est la fin d'un étrange récit. Celui du journal intime d'Ashley Biden, dérobé en 2020 par une mère de famille de Floride, puis vendu à un groupe d'extrême droite pro-Trump. Mardi, la voleuse a été condamnée à un mois de prison ferme. Comment la fille du président américain s'est-elle retrouvée dans cette galère? Qui se cache derrière le mystérieux Project Veritas? On rembobine?
10.04.2024, 16:56
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Un excès de confiance. Ashley pensait que la maison de cet ami, en Floride, pouvait abriter ses petits secrets sans que personne n'y trouve un début d'intérêt. Hélas, quand papa est l'homme le plus puissant de la planète, le moindre gribouillis sur un set de table peut se vendre à prix d'or et tomber entre des mains malveillantes.

Voici l'histoire du journal intime de la fille de Joe Biden, volé et vendu il y a quatre ans par Aimee Harris, une mère de famille qui vient d'être condamnée à un mois de prison ferme pour complot.

En 2019, Ashley Biden, 38 ans à l'époque, quitte son emploi au sein d'un groupe spécialisé dans la justice pénale et décide de s'éloigner discrètement du cocon familial dans le Delaware. Direction la Floride, avec un objectif précis: prendre soin d'elle en entamant une cure de désintoxication. Elle tombera raide dingue de la bicoque de son ami, située dans la petite ville paradisiaque de Delray Beach, non loin de Miami. Deux chambres, une piscine et une armée de palmiers, selon le New York Times, c'est parfait pour respirer quelques mois, à l'abri du tumulte politique et des médias.

L'élection présidentielle est dans moins d'une année et papa sent la pression qui monte.

Delray Beach, ses palmiers et ses 60 000 habitants.
Delray Beach, ses palmiers et ses 60 000 habitants.

Durant sa douce mise au vert, comme il est courant de le faire quand on veut aller mieux, la trentenaire déposera quotidiennement ses pensées dans un petit carnet personnel. En juin 2020, cinq mois avant la présidentielle, elle décidera de quitter son havre de paix pour rejoindre Philadelphie, là où, dix ans plus tôt, elle avait décroché son diplôme de la School of Social Policy and Practice. Rien de bien définitif, puisque la fille de Joe Biden comptait retrouver la Floride au tout début de l'automne, avant l'expiration du bail de la maison du bonheur, au mois de novembre.

Au départ d'Ashley, le locataire en profitera pour accueillir en catastrophe une ex-petite amie et ses deux jeunes enfants. En conflit avec le père et au bord de la ruine, Aimee Harris avait fini à la rue en février, avant d'atterrir à Delray Beach. Bien sûr, elle va très vite apprendre que sa nouvelle chambre a abrité les nuits réparatrices de la fille du futur président des Etats-Unis. Et qu'Ashley avait volontairement abandonné quelques affaires, dans un coin d'armoire.

Dans le lot, une petite sacoche qui va embarrasser la Maison-Blanche et occuper la justice pendant quatre longues années. Les médias américains apprendront plus tard que cette Aimee Harris soutient Donald Trump.

La curiosité rapporte gros

La nouvelle locataire n'attendra pas longtemps avant d'imaginer une nouvelle vie au journal intime de la fille de Joe Biden. Avec l'aide d'un complice, Robert Kurlander, accessoirement condamné à 40 mois de prison pour blanchiment d'argent en 1994, Aimee va donc chercher à rentabiliser cette petite bombe politique. Alors que le pays vit la dernière ligne droite de l'élection présidentielle, Trump est en difficulté dans les sondages, notamment à cause de sa gestion calamiteuse de la pandémie de Covid-19. Le binôme toquera donc logiquement à la porte de son équipe de campagne qui... refusera d'amorcer la bombe, lui conseillant plutôt de déposer les carnets d'Ashley Biden au bureau du FBI.

Au lieu de suivre sagement ce conseil, nos deux comploteurs vont alors draguer une entité moins officielle, mais plus gourmande en informations compromettantes. Surtout quand ça peut faire trébucher le clan démocrate, à deux jets de pierre de l'élection. La cible, connue sous le nom Project Veritas, va effectivement mordre à l'hameçon, après un coup de fil anonyme: «Le 3 septembre 2020, un informateur nous a avertis qu'une nouvelle occupante a emménagé dans un endroit où Ashley Biden avait séjourné et qu'elle avait trouvé son journal intime. Ainsi que d'autres objets personnels», racontera ce groupement pro-Trump, une fois l'affaire devant la justice.

«Ce journal est assez fou. Je pense que ça vaut la peine d'y jeter un coup d'œil»
L'informateur anonyme.the new york times

Un journal «assez fou», mais dont le contenu ne sera jamais divulgué. Les membres de Project Veritas vont pourtant bien payer 40 000 dollars au binôme de Floride, afin de mettre la main sur cette trouvaille potentiellement dévastatrice, mais renonceront à l'utiliser, craignant de faire des Biden des victimes aux yeux de l'opinion publique. Le 20 octobre 2020, alors que Joe Biden s'apprête à fêter sa victoire, le complice d'Aimee Harris va pondre un tweet agressif, hurlant à Donald Trump que ses «quatre enfants sont géniaux» et que «Ashley et Hunter sont des désastres».

La suite de l'histoire se déroulera devant la justice.

C'est quoi Project Veritas?

Comme souvent aux Etats-Unis, l'activiste d'extrême droite James O'Keefe va fonder Project Veritas dans le garage de son père, en 2010. Cet ancien haut gradé des Boys Scouts of America a toujours vendu son travail comme du journalisme citoyen, face à la «corruption», à «l'hypocrisie» et aux «préjugés» des médias de gauche et du parti démocrate.

Son passe-temps favori? Piéger ses victimes dans des caméras cachées, propager de fausses informations, organiser des fraudes électorales, réaliser des montages à charge ou encore infiltrer des organismes gouvernementaux, des journaux et des syndicats.

ORLANDO, FLORIDA - FEBRUARY 24: James O’Keefe, President of Project Veritas, speaks during the Conservative Political Action Conference (CPAC) at The Rosen Shingle Creek on February 24, 2022 in Orland ...
Getty Images North America

Ce qui aurait pu rester un petit groupuscule aux idées radicales, va pourtant très vite devenir la grande fierté des ultraconservateurs. Rien qu'en 2021, l'entité va «récolter plus de 21 millions de dollars de contributions», selon un Washington Post, qui va lui aussi subir un assaut manqué de Project Veritas, pour qu'il publie de fausses allégations contre un candidat au Sénat. Pour dire, Donald Trump invitera à deux reprises James O'Keefe à la Maison-Blanche et sa fondation compte parmi les plus importants donateurs de son groupe de pression d'extrême droite.

Ce ne sera pourtant pas suffisant. En février 2023, O'Keefe se fait sèchement débarquer par le conseil d'administration de Project Veritas, après plusieurs mois de conflits. En cause? Son attitude «dictatoriale» et des dépenses personnelles faramineuses sur le compte de la boîte, pour ne citer que cela.

Malgré des casseroles à n'en plus finir, dans l'affaire du journal intime d'Ashley Biden, Project Veritas ne sera pas inquiété par la justice. Selon ses avocats, O'Keefe n'était pas au courant que ces documents avaient été récupérés de manière illégale. Soit.

Mardi, quelques minutes avant de connaître sa peine, Aimee Harris s'excusera publiquement en rappelant sa vie privée difficile. En vain. Pour la juge Laura Taylor Swain, qui l'a condamnée à un mois de prison ferme, voler une carte mémoire, des bouquins, des fringues, des bagages, le fameux journal intime et «tout ce sur quoi elle pouvait mettre la main» dans l'espoir «de gagner autant d'argent qu'elle le pouvait» est un acte «méprisable».

«La juge a déclaré qu'Aimee Harris, en plus d'être motivée par la cupidité, avait espéré avoir un impact sur le paysage politique du pays»
Selon AP News, présent durant le verdict

Le complice d'Aimee, lui, sera jugé en deuxième partie d'année.

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Video: watson
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