Chargés du volet suisse de l'affaire, dans lequel deux hommes ont été condamnés en mars en appel à Lausanne, les deux policiers suisses ont fortement marqué les débats, au procès des trois accusés poursuivis côté français pour l'attaque du fourgon blindé, perpétrée le 8 février 2018 à Chavornay, dans le canton de Vaud.
Les enquêteurs ont longuement décrit leurs investigations, permettant selon eux de démontrer que ce «brigandage», selon l'expression suisse, avait été préparé plus d'un an avant les faits.
Selon les enquêteurs suisses, Yusuf K, convoyeur de fonds accusé d'avoir fourni les renseignements aux malfaiteurs, a rencontré les malfaiteurs lyonnais à de nombreuses reprises, par l'intermédiaire d'un loueur de voitures de luxe et d'un ami rencontré dans une salle de fitness. «Il a eu l'idée de voler l'argent de son fourgon», a assuré à la barre l'inspecteur principal Mickaël N, en poste au sein de la brigade de délinquance sérielle de la police cantonale du canton de Vaud.
Les deux intermédiaires ont été récemment condamnés en appel à Lausanne, à 5 et 11 ans de prison, pour leur participation au vol à main armée de Chavornay. Les investigations suisses ont dénombré «17 réunions conspiratives dans (les) bureaux genevois» du loueur de voitures, a rapporté le fonctionnaire de police à la barre.
Selon lui, deux précédentes tentatives de braquage, en janvier et octobre 2017, avaient visé la même société de transport de fonds, dans laquelle travaillait déjà le convoyeur suspecté.
Comme l'a détaillé le second policier suisse en ce qui concerne les relations entre le loueur de voitures genevois, et le cerveau présumé du braquage:
Pour les avocats de la défense, ces accusations venues de Suisse ont le défaut de reposer principalement sur les déclarations des suspects poursuivis par la justice helvète, sans preuves matérielles à l'appui.
Les policiers suisses ont rappelé que leur pays a été fortement exposé aux incursions répétées du grand banditisme lyonnais, avec six braquages de fourgons et une tentative, entre 2017 et 2019.
«Une grosse période», a confié à la barre l'inspecteur principal Mickaël N. Les débats ont évoqué l'insuffisance des mesures de sécurité dénoncée par les personnels de convoyage de fonds à cette période, avec des horaires et des itinéraires identiques chaque jour de tournée. «C'est ce qui les attire», a constaté le président Eric Chalbost, en parlant des malfaiteurs lyonnais.
«Il y a toujours autant de braquages?» a demandé le magistrat à l'inspecteur suisse. «Ça s'est calmé depuis 2019, pourvu que ça dure!», a répliqué le policier.
Pour mémoire, le casse de Chavornay fait partie d'une série de raids spectaculaires perpétrés sur des convoyeurs en terre vaudoise entre 2017 et 2019, au Mont-sur-Lausanne, Daillens, La Sarraz et Nyon. Des braquages qui ont cessé depuis que le Conseil d'Etat vaudois a durci les règles pour le transport de fonds.
Le procès doit s'achever le 7 avril.
(ats)