Les avocats des personnes concernées se sont dits «abasourdis» en faisant cette annonce samedi.
Un juge des libertés et de la détention (JLD) était en effet appelé à se prononcer sur le sort des onze personnes interpellées mercredi, dont Christian Tein, considéré comme le dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT).
Un procureur a confirmé des «affectations en métropole», sans plus de précision à l'issue de ces comparutions à huis clos devant le JLD à Nouméa, chef-lieu de l'archipel français du Pacifique Sud.
Les chefs d'inculpation n'ont pas été précisés. L'enquête vise notamment des faits d'association de malfaiteurs, vols avec armes en bande organisée, complicité par instigation de meurtres ou tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
Christian Tein doit être incarcéré à Mulhouse (est de la France) selon son avocat, Me Pierre Ortent, qui a fait part de sa «stupeur».
Une autre mise en cause, Brenda Wanabo, chargée de la communication de la CCAT, doit être placée en détention à Dijon (centre-est), selon son avocat, Me Thomas Gruet, qui s'est dit «extrêmement choqué».
Mère de trois enfants, cette militante «qui n'a jamais appelé à la violence», va être séparée de sa famille et est «anéantie», a-t-il souligné.
Quant à Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, elle doit être incarcérée à Riom (centre), selon son avocate, Me Christelle Affoué, qui dénonce «une décision parfaitement choquante».
Ces décisions interviennent six semaines après le début des violences qui agitent le territoire français, les plus graves depuis celles des années 1980.
Nourries par le vote d'un projet de loi constitutionnel visant à élargir le corps électoral calédonien pour le scrutin provincial prévu fin 2024, ces émeutes ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, des centaines de blessés et des dégâts considérables, d'un coût estimé à 1,5 milliard d'euros, selon le dernier bilan.
Le projet de loi ayant mis le feu aux poudres a été «suspendu» le 12 juin par le président français Emmanuel Macron, dans la foulée de la dissolution de l'Assemblée nationale. (vz/ats)