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Justin Trudeau

Canada: Quelle est la suite après la démission de Justin Trudeau

Canada Prime Minister Justin Trudeau speaks with media outside Rideau Cottage, Monday, Jan. 6, 2025 in Ottawa. (Adrian Wyld/The Canadian Press via AP)
Justin Trudeau
Justin Trudeau a annoncé sa démission le 6 janvier, lui, la star de la politique qui a vu sa popularité baisser en flèche à l'entame de son deuxième mandat en 2019.Keystone

La démission de Trudeau arrange le Trump canadien

Justin Trudeau a rendu son tablier de premier ministre et laisse le champ libre pour un nouveau ou une nouvelle candidate. Il est l'heure de mesurer l'héritage laissé par l'ancienne étoile de la politique canadienne et la suite qui attend le Canada.
07.01.2025, 18:5108.01.2025, 09:47
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Fin 2023, la presse montréalaise écrivait qu'au départ de Justin Trudeau, «il ne restera plus rien du Canada».

Début 2025, le même Justin Trudeau a rendu son tablier et souhaite se retirer de la vie politique. Son parti doit désormais se dépêcher de dégoter un nouveau candidat. «J'ai l'intention de démissionner de mon poste de chef du parti et de premier ministre — une fois que le parti aura choisi son prochain chef», glissait Trudeau lundi.

La cote du golden boy de la politique canadienne était en chute libre, si bien que la pression devenait ingérable. Même lorsqu'il skiait, le premier ministre en prenait pour son grade, comme le montre une vidéo relayée par le Toronto Sun.

Un héritage médiocre

L'héritage n'est pas glorieux, après près d'une décennie de «promesses non-tenues», nous glissaient des Québécois rencontrés en septembre. La grogne était prégnante. Face à nos questions, ils roulaient des yeux en silence:

«Il nous fait du Macron. Ils ont le même look, ce même ton suffisant»

Mais quel est son véritable bilan après 9 ans de pouvoir? Le média Walrus écrit que Trudeau est l'expression même des limites du charisme en politique.

«Il était un leader aux ambitions limitées, un leader transactionnel plutôt qu’un leader transformateur»
Une phrase tirée d'un édito du magazine Walrus.

Il a tenté, il a perdu. Il a voulu emboîter le pas à son père, en usant d'une politique fondée sur les mêmes principes de multiculturalisme, de bilinguisme et de politiques progressistes. Il se tenait loin de la politique dite rétrograde de Stephen Harper, son prédécesseur. Toujours dans Walrus, un ancien ministre, sous couvert d'anonymat expliquait: «Je pense qu’il croit vraiment que le Canada a besoin de lui et qu’il a fait de grandes choses pour sauver le pays».

Quelle suite après le mandat de Justin Trudeau?

La crise majeure qui secoue Ottawa tombe mal, surtout que la passation de pouvoir est imminente aux Etats-Unis, le grand et imposant voisin. Pourquoi? Trump veut nourrir sa guerre commerciale et le Canada est exposé à de lourdes taxes, sachant les liens économiques entre les deux pays.

Comme l'explique Le Devoir, pour l'instant, l'annonce du départ de Trudeau ne change pas totalement la donne dans la composition du gouvernement. Le désormais ancien premier ministre reste en place pour lancer des discussions cruciales avec Trump, alors que le républicain va prendre ses quartiers le 20 janvier dans le Bureau ovale. Il a d'ailleurs saisi l'occasion pour rappeler que le Canada devrait «fusionner» avec les Etats-Unis, pour devenir le 51e Etat.

Trump s'était même amusé à le surnommer «gouverneur du Canada» à la suite d'un souper, fin novembre, à Mar-a-Lago.

A la recherche d'un nouveau chef

Le pouvoir exécutif reste pour le moment à la barre du gouvernement, en attendant que le Parti libéral (PLC) se trouve un nouveau chef, qui deviendra ainsi le 24e premier ministre du Canada et ce, jusqu’aux prochaines élections générales.

Pour la suite, place aux grandes discussions et négociations dans le clan politique de Trudeau. Et il ne faudra pas trop tergiverser, pour rapidement élire le prochain chef avant le 24 mars, date du retour des élus à Ottawa pour l’ouverture d’une nouvelle session parlementaire.

A l'interne, ça s'active pour trouver le ou la bonne candidate. Le ministre de l'Immigration, Marc Miller, affirmait sur les ondes de CBC que le parti pouvait facilement organiser une élection rapide et démocratique.

Qui sont les prétendants?

Dans le box des papables, un nom revient avec insistance: Mark Carney, ancien gouverneur de la banque du Canada. Une autre candidate a les faveurs des pronostics au sein du Parti libéral (PLC): l’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland, qui a quitté le cabinet en décembre. Elle peut s'appuyer sur des alliés de poids, comme Eddie Goldenberg, autrefois chef de cabinet du premier ministre Jean Chrétien. Face à cette démission, il confiait à la presse canadienne que «plus vite un nouveau premier ministre sera en place, plus cette personne pourra montrer aux Canadiens de quel bois elle se chauffe».

FILE - Deputy Prime Minister and Minister of Finance Chrystia Freeland holds a press conference in Ottawa, Ontario, on Tuesday, April 16, 2024. Canada?s government is investigating whether to impose a ...
Chrystia Freeland avait remis sa lettre de démission à Justin Trudeau le 16 décembre, après un désaccord concernant les négocations avec Donald Trump et le Canada.Keystone

Deux noms qui se démarquent, mais personne n'est encore officiellement entré dans la course. Si bien que les ministres actuels, Anita Anand (Transports), Melanie Joly (Affaires étrangères), François-Philippe Champagne (Innovation), Jonathan Wilkinson (Energie) et Dominic LeBlanc (Finances), sont tous considérés comme des prétendants potentiels, rapporte le Toronto Star.

Et après, le Trump canadien se frotte les mains

Les prochaines élections fédérales auront lieu ce printemps, le 24 mars. Mais la démission du chef du gouvernement canadien, le lundi 6 janvier, devrait précipiter le calendrier, dont les grands favoris sont les conservateurs.

Et le premier répondant n'est autre que Pierre Poilièvre, leader du parti conservateur et surnommé le Trump canadien, qui se profile comme le grand favori. Le populiste attend patiemment son heure et sa cote de popularité lui permet de voir l'avenir sereinement. Un sondage, paru le 10 novembre, le propulsait avec une avance de 19 points sur Justin Trudeau, qui était encore candidat à sa propre succession.

Canada Conservative Leader Pierre Poilievre holds a news conference in a hotel ballroom in Ottawa, on Sunday, Dec. 1, 2024. (Justin Tang/The Canadian Press via AP)
Pierre Poilièvre est le grand favori pour succéder à Justin Trudeau, selon un sondage.Keystone

Le politicien n'est pas un tendre et n'hésite pas à rejeter les médias traditionnels, qu'il boycotte très volontiers. Ce libertarien pur sucre et ancien ministre sous l'ère Harper est coutumier de sorties chocs qui lui ont valu une exclusion de la Chambre des communes.

Il s'était également montré aux côtés des participants du «convoi de la liberté», ce mouvement de camionneurs antivax et guidé par des groupuscules complotistes proches de l’extrême droite canadienne et américaine. Les manifestants avaient bloqué les rues d'Ottawa durant l'hiver 2022, plusieurs semaines.

Un autre se presse au portillon pour gouverner la nation à la feuille d'érable: le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, qui s'est déjà prononcé pour déclencher des élections dès que possible.

Singh a assuré qu'il se liera avec les conservateurs pour lancer des élections anticipées à la première occasion, afin de récupérer le poste déserté par Justin Trudeau.

Grève au Canada des camionneurs
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Grève au Canada des camionneurs
source: keystone
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Justin Trudeau s'est lâché avant les funérailles en chantant Queen
Video: watson
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