Le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine et actuellement occupé par les forces russes, a été endommagé dans la nuit de lundi à mardi, a indiqué l'agence russe Tass. De son côté, Kiev a bel et bien rapporté l'effondrement de l'édifice.
Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, était une cible prioritaire des Russes, car il permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014. Il a été conquis dès le début de l'offensive russe en Ukraine. L'installation, construite pendant la période soviétique, est l'une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine.
Les experts expliquent que l'effondrement d'un tel ouvrage est catastrophique. Le barrage gère un réservoir qui alimente en eau potable, sert à l'agriculture et au refroidissement d'une centrale nucléaire voisine. Et comme le rappelle Le Monde, en octobre 2022, le président Volodymyr Zelensky prévenait des conséquences dramatiques que pourrait avoir la destruction de l’infrastructure: «Ce serait une catastrophe à grande échelle».
Russia blew up Kakhovska HPP that is on the Dnipro River. This is an act of terrorism and a global threat, the consequences of these actions could be colossal and unpredictable. pic.twitter.com/CZ9QRR56H7
— Igor Lachenkov (@igorlachenkov) June 6, 2023
Le barrage a subi des dégâts tout au long du conflit. L'imagerie satellite, diffusée par le New York Times, confirmait de nouveaux dommages au pont à côté de l'édifice entre le 1ᵉʳ et le 2 juin, quelques jours avant la destruction d'aujourd'hui, 6 juin.
A présent, selon les autorités locales relayées par CNN, le niveau d'eau du barrage détruit de Nova Kakhovka devrait atteindre des niveaux «critiques et élevés» vers 11h (heure locale), a déclaré à la télévision nationale Oleksandr Samoylenko, chef du conseil régional de Kherson.
Un haut responsable militaire ukrainien a déclaré que les colonies sur les rives du fleuve Dnipro dans la région de Kherson commençaient à subir des inondations suite à la destruction du barrage de Nova Kakhovka tôt mardi.
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Toujours selon les informations de CNN, le barrage et la centrale hydroélectrique de Nova Kakhovka ont «été totalement détruits à la suite de l'explosion de la salle des machines de l'intérieur», a déclaré, mardi, la principale société de production hydroélectrique d'Ukraine, Ukrhydroenergo. La société rapporte encore que «la centrale ne peut pas être restaurée» et a affirmé que «les forces russes ont fait sauter» le barrage du jour au lendemain.
Les forces ukrainiennes accusent la Russie d'avoir dynamité l'édifice pour freiner la contre-offensive ukrainienne. «L’objectif des terroristes est évident: créer des obstacles pour les actions offensives des forces armées» ukrainiennes, a estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, dans un message adressé à des journalistes. De son côté, la Russie rejette la faute sur Kiev.
A beaver wandering along a street in the city of #Kherson in southern Ukraine, escaping the rising waters of the Dnipro River, #flooding because of the destruction of the dam at Nova #Kakhovka in the early hours of June 6. pic.twitter.com/Ma0UDL09QU
— Euan MacDonald (@Euan_MacDonald) June 6, 2023
Selon un communiqué publié mardi par le département des renseignements du ministère ukrainien de la Défense, les forces russes ont fait sauter le barrage de Nova Kakhovka «dans la panique». Cela affecte également l'écosystème, qualifié d'écoside par un haut responsable ukrainien, de toute la région de la mer Noire et augmente la menace d'une catastrophe nucléaire.
Dans les travées de l'UE, le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré sur Twitter que la rupture du barrage «est clairement qualifiée de crime de guerre», car il s'agit de la destruction d'infrastructures civiles.
Shocked by the unprecedented attack of the Nova Kakhovka dam.
— Charles Michel (@CharlesMichel) June 6, 2023
The destruction of civilian infrastructure clearly qualifies as a war crime - and we will hold Russia and its proxies accountable.
Du côté de Zaporijia, pour l'organe de surveillance de l'ONU, il n'y a «aucun risque immédiat pour la sécurité nucléaire» suite à la destruction du barrage. Les six réacteurs sont éteints. Les craintes plus grandes concernent les piscines de refroidissement du combustible usé de la centrale nucléaire qui sont particulièrement préoccupantes, a déclaré Ivan Plachkov, ancien ministre ukrainien de l'Energie.
Cet acte délibéré a ravivé le passé. Plusieurs internautes ont évoqué le spectre de la Seconde Guerre mondiale, quand le barrage et la centrale électrique ont été partiellement détruits par les troupes soviétiques le 18 août 1941. A la suite de l'explosion, une vague d'eau de plusieurs dizaines de mètres de haut provenant du barrage brisé a balayé de nombreux villages autour de Zaporijia et tuant de 20 000 à 100 000 civils et militaires soviétiques. (svp)