«C'est un référendum historique», a lancé Albin Kurti lors de son dernier meeting, vendredi soir à Pristina, la capitale de ce territoire qui s'est séparé de la Serbie en 2008.
Le dirigeant et son parti, Vetevendosje (VV, «autodétermination»), ont fait campagne en promettant de gouverner le Kosovo «d'un bout à l'autre», c'est-à-dire même dans les territoires habités majoritairement par des Serbes où l'influence de Belgrade est bien plus palpable que celle de Pristina.
Ces derniers mois, celui qui est candidat à sa réélection y a fait fermer beaucoup d'institutions parallèles (banques, bureaux de poste, administrations) que la Serbie finançait pour s'assurer la fidélité de la minorité serbe.
Ces fermetures, abondamment relayées dans la presse, pourraient offrir au VV une large victoire: les derniers rares sondages créditent le parti de 40 à 50% des voix dans un Parlement morcelé. En 2021, VV avait récolté 50,28% des voix, devant le Parti démocratique du Kosovo (PDK), 17%.
Créé par d'anciens combattants de la guerre contre les forces serbes, le PDK a dominé la vie politique de l'indépendance en 2008 à 2019, avant que certains de ses responsables ne soient rattrapés par la justice internationale pour des crimes commis lors du conflit contre la Serbie à la fin des années 1990.
Sur les 20 sièges réservés aux minorités, les 10 dédiés à la minorité serbe avaient tous été remportés par la Srpska Lista (Liste serbe) en 2021. Le score de ce parti, considéré par Pristina comme le bras armé de la Serbie, sera également scruté par les autorités.
«Voter pour la Liste serbe, c'est voter pour l'Etat serbe», a d'ailleurs affirmé Zlatan Elek, chef de cette formation, dans une interview cette semaine.
Le président serbe Aleksandar Vucic a également appelé à voter pour les candidats de la Srpska Lista, «seuls garants que Kurti n'expulsera pas les Serbes du Kosovo».
Interrogé sur la possibilité que les autorités kosovares empêchent certains électeurs serbes du Kosovo vivant en Serbie de venir voter, Vucic s'est voulu rassurant.
«Nous avons discuté jusqu'à tard cette nuit avec des représentants de la Quinte (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Etats-Unis, ndlr). Nous avons reçu la promesse que cela n'arrivera pas.»
Les années de pouvoir d'Albin Kurti ont été marquées par des tensions fréquentes avec la minorité serbe et avec Belgrade, en particulier depuis l'échec des discussions organisées par l'Union Européenne en 2023.
Les bureaux de vote fermeront à 19 heures. Les premières estimations devraient être publiées dans la foulée. (ats/vz)