L'ONU estime que la plupart des décès des inondations en Libye auraient pu être évités. Le conflit affecte les services météorologiques et l'«inaction» des autorités en charge de la gestion des désastres est en cause, a dit jeudi un responsable à Genève. Le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) Petteri Taalas a déclaré à la presse:
En revanche, même avec un système d'alerte adapté, il est plus difficile de pouvoir empêcher les dégâts économiques, admet Taalas. Selon lui, en raison du conflit, les services météorologiques sont dysfonctionnels. Mettant en cause l'inaction des autorités d'un pays divisé par plus de dix ans de conflit, il ajoute:
L'OMM a tenté d'aider le gouvernement. Mais avec les affrontements, «il est difficile de s'y rendre et d'améliorer la situation», affirme encore le Finlandais.
D'autres pays comme le Soudan pourraient être en difficulté en cas de situation météorologique extrême. Depuis les affrontements mi-avril entre l'armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), certains employés ont fui et le système d'observation ne «fonctionne plus normalement».
En Ukraine, par exemple, environ un tiers des stations d'observation ont été détruites. Conséquence, selon les estimations, seuls 20% des données par rapport au total avant l'offensive russe sont exploitables.
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L'OMM a reçu le mandat du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres d'aboutir à un système d'alerte dans tous les pays d'ici 2027. Seule la moitié des 193 membres de l'organisation en sont actuellement dotés.
Taalas se dit «optimiste» sur la possibilité d'atteindre l'objectif. L'organisation oeuvre actuellement dans 30 Etats, la plupart en Afrique, dont le Soudan, ou des pays insulaires. Elle a déjà amélioré les systèmes d'observation de 62 pays et souhaite étendre ce chiffre à une centaine d'ici fin 2027, a également précisé Taalas.
D'autres acteurs pourraient assister également certains Etats affectés par les conflits. Mais il faut d'abord que la situation se stabilise, estime le secrétaire général de l'OMM. La Suisse soutient elle plusieurs pays sud-américains.
Jeudi, l'organisation a aussi dévoilé une compilation de données de 18 institutions sur le lien entre changement climatique et Objectifs de développement durable (ODD). Parmi celles-ci, les émissions de CO2 liées aux énergies non renouvelables ont augmenté de 0,3% sur la période de janvier à juin par rapport à celles d'il y a un an, selon des indications préliminaires de Carbon Monitor.
Elles ont, toutefois, diminué dans les pays européens et aux Etats-Unis. Mais elles progressent de plus de 5% en Inde et de 3% environ en Chine et en Russie. L'année dernière, ces émissions se sont étendues au total de 1% par rapport à 2021. Selon Guterres:
Il y a quelques jours, il avait estimé que «l'effondrement climatique» a démarré. Actuellement, seuls 15% des ODD devraient être honorés d'ici 2030 si rien ne change.
Les nouvelles technologies, notamment l'intelligence artificielle (IA), peuvent être utiles face à cette situation, selon Taalas. Le système d'alerte pour tous les pays «ne sauvera pas seulement des individus», mais «préservera le développement durable», insiste-t-il encore. (mat/ats)