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Guerre au Soudan: les morgues débordent et le choléra menace

Au Soudan, les morgues débordent et personne n'ose toucher aux morts

Alors que les tirs et les frappes aériennes se multiplient, les cadavres s'entassent sur la voie publique, faisant craindre une épidémie.
13.08.2023, 11:52
Chantal Stäubli
Chantal Stäubli
Chantal Stäubli
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En raison des coupures de courant récurrentes au Soudan, les morgues ne parviennent plus à se refroidir. La température ambiante des pièces entraîne ainsi la décomposition des corps et avec la peur d'une épidémie. A tel point qu'aucun personnel médical n'ose plus s'occuper des cadavres, comme le rapporte le syndicat des médecins soudanais.

«En plus du deuil, l'incapacité à offrir aux défunts des funérailles dignes causes des souffrances aux familles»
Bashir Kamal Eldin Hamid, médecin et directeur programme santé et nutrition Save the Children
People prepare food in a Khrtoum neighborhood Friday, June 16, 2023. Sudan had plunged into chaos since mid-April when monthslong tensions between the military and its rival, the paramilitary Rapid Su ...
Des personnes préparent de la nourriture dans un quartier de Khartoum, le vendredi 16 juin 2023.Image: keystone

Le système de santé du pays ne tient qu'à un fil. Les hôpitaux ferment les uns après les autres et le pays est frappé par une pénurie de médecins. Les médicaments sont pillés et les réserves de sang manquent. Dans les rares établissements de santé où les gens sont encore soignés, le personnel est à bout de souffle. Sur 89 hôpitaux, au moins 70 ont été détruits depuis le début du conflit, rapportent les Nations unies.

«Nous assistons à l'émergence d'une crise de santé, en plus d'une crise de deuil, de peur et de douleur»
Bashir Kamal Eldin Hamid
This satellite photo from Planet Labs PBC shows fires burning at Khartoum International Airport in Khartoum, Sudan, Wednesday, April 19, 2023. Explosions and heavy gunfire rattled the Sudanese capital ...
Cette photo satellite montre des incendies à l'aéroport international de Khartoum, le 19 avril 2023.Image: AP Planet Labs PBC

Crainte d'une épidémie de choléra

Dans la capitale, il ne se serait pas passé un jour sans que de violentes attaques d'artillerie ou aériennes ne tuent des civils. Les habitants de la capitale sont pris au piège dans leurs maisons, pratiquement sans électricité ni eau. Ils sont désormais confrontés à une nouvelle menace: le risque d'épidémie.

«La combinaison d'un nombre croissant de cadavres, d'une grave pénurie d'eau, d'installations sanitaires et d'hygiène non fonctionnelles et d'un manque de possibilités de traitement de l'eau alimente également la crainte d'une épidémie de choléra dans la ville.»
Save the Children, qui fournit une aide sur place.
Sudanese refugees who fled the conflict in Sudan gather July 1, 2023 at the Zabout refugee Camp in Goz Beida, Chad. The U.N. says the conflict in Sudan has driven more than 3.1 million people from the ...
Camps de réfugiés soudanais au Tchad, 1er juillet 2023.Image: keystone

Pas de visa pour le personnel médical d'urgence

L'équipe de Médecins sans frontières qui s'occupe quotidiennement d'une quinzaine de blessés de guerre dans deux des hôpitaux restants au sud de la capitale est également limitée dans son travail. Près de 20 employés ont été menacés et maltraités par des assaillants armés à la mi-juin. L'organisation a décidé de rester dans le pays malgré le danger.

On ne sait toutefois pas combien de temps le travail pourra être poursuivi puisque l'aide médicale d'urgence est actuellement menacée par des demandes de visa en attente. «Sans l'octroi de visas par les autorités soudanaises, nous pourrions bientôt être contraints de suspendre notre soutien», écrit l'organisation sur Twitter. Selon elle, le personnel d'urgence doit être régulièrement remplacé et sans ces fameux visa, l'équipe prête à intervenir ne partira pas au Soudan.

Outre le risque d'épidémie, les Nations unies parlent d'une situation intolérable dans les camps pour les personnes en fuite. Les besoins dépassent largement ce que les ressources disponibles peuvent fournir et la nourriture et les médicaments font défaut, rapporte le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Depuis le début des combats, plus de 300 personnes, dont principalement des enfants de moins de cinq ans, seraient mortes de la rougeole et de malnutrition.

Pour rappel, de nouveaux combats ont éclaté cette année au Soudan. Depuis avril, l'armée lutte contre l'unité paramilitaire Rapid Support Forces (RSF), autrefois alliée, pour le pouvoir dans le pays. Près de 25 millions de Soudanais ont besoin d'une aide humanitaire, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Traduit et adapté par Noëline Flippe

Ce challenge TikTok fait des morts aux États-Unis
Video: watson
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