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Qui est vraiment la journaliste anti-Poutine dont tout le monde parle?

Qui est Marina Ovzyannikova, la journaliste anti-Poutine dont tout le monde parle?
Tête de gondole de Channel One, l'un des journaux télévisés les plus importants de la Russie, Marina Ovsyannikova ne semble pourtant pas partager la majorité de la propagande russe qui y est diffusée.Image: Facebook/dr

Voici qui est la journaliste anti-Poutine dont tout le monde parle

La protestation de Marina Ovsyannikova dans l'un des médias les plus suivis de la Russie a fait le tour du monde. Pourtant, peu d'informations circulent au sujet de cette «héroïne» qui risque aujourd'hui la prison. Voici ce que l'on sait en sept points.
16.03.2022, 07:45
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Scène rarissime en Russie. Lundi, une femme a pris d'assaut le studio de Channel One, le journal télévisé le plus populaire de la Russie. En quelques heures, Marina Ovsyannikova est devenue un symbole de résistance à l'attaque russe en Ukraine.

Au-delà de ce putsch, on sait peu de choses sur celle qui a décidé de s'élever publiquement contre Vladimir Poutine. Son parcours, sa position politique, les condamnations qu'elle risque; voici ce qu'il faut savoir.

Elle est journaliste et anti-Poutine

Agée de 44 ans, Marina Ovsyannikova est une ancienne élève de l'Académie présidentielle d'économie nationale et d'administration publique de Russie. Selon le média Meaww, elle y a obtenu son diplôme en sciences économiques et humaines du gouvernement russe en 2005 avant d'être employée chez Channel One.

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Tête de gondole de l'un des journaux télévisés les plus importants de la Russie, cette mère de famille ne semble pourtant pas partager la majorité de la propagande russe qui y est diffusée.

Elle est Russo-ukrainienne

En marge de son passage choc à la télévision russe de ce lundi, Marina Ovsyannikova a, au préalable, enregistré un message initialement publié sur Telegram. Elle y a souligné «la honte» qu'elle ressentait de travailler pour Channel One tout en révélant détenir une double nationalité: «Mon père est ukrainien, ma mère est russe et ils n'ont jamais été ennemis. Ce qui se passe en Ukraine est un crime, et la Russie est l'agresseur», a-t-elle déclaré avant d'incomber la responsabilité de cette «agression» à un seul homme: Vladimir Poutine.

«J'ai honte d’avoir permis à des mensonges d’être diffusés à la télévision, honte d’avoir participé à la zombification de la population russe»
Marina Ovsyannikova

C'est une nageuse de compétition

D'anciennes interviews indiquent également que, avant de se lancer dans une carrière journalistique, Marina Ovsyannikova a été une nageuse de compétition. Activité qu'elle semble toujours pratiquer si l'on en croit les déclarations faites sur sa page Facebook.

Marina Ovsyannikova, en photo de profil Facebook.
Marina Ovsyannikova a décoré sa photo de profil du logo Facebook «Apporter la paix». Image: Facebook

Son profil Instagram précise, par ailleurs, qu'elle aurait traversé à la nage la Volga en Russie et le détroit du Bosphore en Turquie.

Elle risque la prison

Dans son message publié sur Telegram, la Russo-ukrainienne a appelé la population à manifester et à ne pas «craindre d'aller en prison». Une issue à laquelle la journaliste fait aujourd'hui face.

Selon plusieurs médias étrangers, dont l'Agence de presse russe TASS, Marina Ovsyannikova risque 15 ans de prison. Cela en vertu d'une nouvelle loi russe qui interdit l'opposition publique ou la couverture médiatique non étatique du conflit. La prononciation du terme «guerre» étant également proscrit en Russie, aussi bien par la population que par les médias.

Tass annonce
Traduction: «Channel One enquête sur un incident lors d'une émission en direct dans le studio. Celle qui a fait irruption dans le studio de l'émission Vremya risque une procédure administrative, a indiqué une source: "La femme peut être poursuivie notamment en vertu de l'article 20.3.3 du Code administratif", a-t-elle indiqué. Selon cette même source, la femme est actuellement en garde à vue. La source a indiqué que Marina Ovsyannikova travaille comme rédactrice en chef à Channel One et séjourne actuellement au poste de police de l'OMVD dans le district d'Ostankino.»Image: telegram TASS

Mardi après-midi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié la protestation de la journaliste d'acte de «hooliganisme».

Elle a, pour l'heure, été condamnée à payer une amende

L'entourage de Marina Ovsyannikova a confirmé à OVD-Info, le média qui traque les arrestations des opposants en Russie, qu’elle avait été emmenée au poste de police d’Ostankino juste après son action de protestation.

Après avoir disparu pendant plus de douze heures, mardi, en fin de journée, la journaliste a été redonné de ses nouvelles. Ses avocats ont expliqué qu'elle avait été condamnée à une amende de 30 000 roubles (260 francs environ), selon Le Figaro. Elle a été reconnue coupable d'avoir commis une «infraction administrative». Elle risque toutefois encore des poursuites au pénal passibles de lourdes peines de prison.

Elle est soutenue par l'Ukraine

L'extrait vidéo dont tout le monde parle s'est immédiatement propagé sur les réseaux sociaux. Les opposants russes ont encensé Marina Ovsyannikova pour sa témérité. «Voilà ce que signifie réellement le courage», a commenté sur Twitter le pianiste et militant politique Igor Levit, né en Union soviétique et vivant en Allemagne.

La journaliste a même été comparée au célèbre «Tank man» qui s'est tenu devant des chars militaires sur la place Tiananmen, en 1989, pour protester contre la Chine.

Le Tank man, aussi connu sous le nom de l'Homme de Tian'anmen, a été rendu célèbre après avoir bloqué symboliquement la progression d'au moins 17 chars de l'Armée populaire de libération lors des mani ...
Le Tank man, aussi connu sous le nom de l'Homme de Tian'anmen, a été rendu célèbre après avoir bloqué symboliquement la progression d'au moins 17 chars de l'Armée populaire de libération lors des manifestations de la place Tian'anmen, en 1989, en République populaire de Chine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a personnellement remercié Marina Ovsyannikova pour son acte. «Je suis reconnaissant envers ces Russes qui continuent d'essayer de répandre la vérité. Personnellement, je voudrais remercier la femme qui est entrée dans le studio de Channel One avec une pancarte antiguerre», a-t-il déclaré dans un message vidéo publié sur Twitter mardi.

Elle est censurée par la Russie

La chaîne de télévision pour laquelle Marina Ovsyannikova travaillait essaie de minimiser l'incident. TASS a indiqué que Channel One enquêterait sur l'incident en interne. La scène en question aurait été supprimée des archives en ligne du diffuseur, ce qui est inhabituel pour ce dernier.

Les médias indépendants russes couvrant l'incident ont également censuré les nouvelles traitant le cas d'Ovsyannikova, afin d'éviter des sanctions. C'est notamment le cas de la Novaya Gazeta qui a dû flouter les propos inscrits sur la pancarte lors du putsch.

Novaya Gazeta censure les propos de la pancarte.
Image: capture d'écran novaya gazeta

(mndl)

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