Oups, les experts sont à court de noms pour les prochains ouragans
Vous avez déjà dressé la liste des prénoms de vos futurs bébés? Sachez que les scientifiques de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) ont la même méthode. Le souci, c'est qu'ils ont eu trop de «bébés» à qualifier cette année.
Résultat: en 2021, il y a eu plus d’ouragans en Atlantique que de noms à leur attribuer.
Un phénomène pas si fréquent. C'est la deuxième fois en deux ans et la troisième fois dans l’histoire que le réservoir est épuisé. Le dernier de la liste a été attribué à la tempête subtropicale Wanda, qui s’est formée samedi 30 octobre.
Déjà, pourquoi donne-t-on des prénoms aux ouragans?
«C'est une vieille histoire!» s'exclame Olivier Duding, météorologue chez Météosuisse. Pour les ouragans dans l’Atlantique, on le fait depuis les années 1960. Cela permet d'abord de les identifier plus rapidement et de les distinguer. Il arrive parfois d’avoir plusieurs ouragans en formation en même temps. On sait alors de quel système on parle.
Il faut dire que le choix est tordu...
Nommer un ouragan dans l'Atlantique, ça ne se fait pas sur un coup de tête. Il faut suivre un certain nombre de règles:
- Respecter l'ordre alphabétique.
- Alterner entre prénom masculin et féminin.
- Les noms commençant par les lettres Q, U, X, Y et Z sont exclus (car ils sont peu courants et difficiles à comprendre en anglais, espagnol, français ou portugais, les langues parlées dans ce bassin).
Ah, et encore une règle! Lorsqu'un ouragan fait beaucoup de dégâts, son nom est retiré de la liste pour ne plus être réutilisé par la suite. Par exemple, Katrina ou Irma, l’ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique, ne sont plus utilisables.
Bref, ça limite les possibilités.
Six listes de 21 prénoms respectant ces critères ont été établies par le Comité des ouragans au sein de l'OMM, puis il y a un roulement chaque année. Ce qui signifie que la liste utilisée cette année, en 2021, sera réutilisée en 2027.
Mais dans ce cas... on fait quoi?
Du coup, comment faire si un ouragan survient dans l'Atlantique d'ici à la fin de l'année? Quel nom lui donner?
L'épuisement du réservoir survient pour la troisième fois de l'histoire. «L'année passée, en 2020, nous sommes allés piocher dans l'alphabet grec: alpha, bêta, gamma...», nous explique Olivier Duding.
Sauf que cette année, ce n'est plus possible! Le comité a préféré renoncer à utiliser les lettres de l'alphabet grec pour nommer les ouragans, car ces noms comportent plusieurs inconvénients:
- Le public semble prendre moins au sérieux les messages de sécurité avec des ouragans nommés selon une lettre.
- Certaines lettres grecques (Zeta, Eta, Theta) se prononcent de façon similaire et se suivent dans l'alphabet grec. Du coup, en 2020, des tempêtes aux noms très semblables se sont déclenchées simultanément, ce qui a brouillé la communication.
- Eta et Iota ne peuvent plus être utilisés, car ils ont causé de gros dégâts l'année passée.
- En plus, certaines lettres ont été utilisées deux fois. On ne sait donc plus si on parle de l'ouragan Alpha de l'année X ou Y.
Du coup, fini l'alphabet grec!
Désormais, une liste complémentaire de prénoms additionnels a été mise au point par le Comité des ouragans. Si un ouragan survenait dans l'Atlantique d'ici la fin de l'année, nous savons déjà qu'il sera nommé Adria.
La saison des ouragans atlantiques s’étend approximativement entre le 1er juin et le 30 novembre. A voir si Adria se manifestera d'ici là.
Arriver au bout de la liste sera de plus en plus fréquent
Il est «probable que cette situation se reproduise à l’avenir», estimait l’OMM dans un communiqué, en mars.
Non seulement les satellites peuvent capter des tempêtes de plus en plus marginales, qui n'ont parfois même pas d'impact sur Terre (c'est le cas de la tempête Wanda, récemment signalée). Mais en plus, le réchauffement climatique pourrait provoquer des tempêtes plus fréquentes, à des endroits où elles n'existaient pas auparavant.
Selon le New York Times, «si la planète se réchauffe, on peut s’attendre à ce que les ouragans soient plus forts au fil du temps et à ce que les tempêtes les plus puissantes soient plus fréquentes».
