La troisième fois sera-t-elle la bonne? Après deux tentatives ratées cet été, la Nasa s'activait lundi pour achever les derniers préparatifs avant le décollage pour la Lune de sa nouvelle méga-fusée, désormais prévu mercredi depuis la Floride.
Un vol qui devrait marquer le grand début de son nouveau programme phare, Artémis 1, dont la mission est de réussir un vol test sans astronaute à bord.
#Artemis I is launching to the Moon!
— NASA (@NASA) November 14, 2022
Nov. 15:
3:30pm ET (2030 UTC): Tanking coverage
10:30pm ET (0330 UTC): Launch broadcast
Nov. 16:
8:30am ET (1330 UTC): Trajectory burn
10am ET (1500 UTC): Earth views from @NASA_Orion
Stay tuned: https://t.co/sQWu67xTPq pic.twitter.com/srAEMfTQ63
Le lancement de la fusée SLS, qui doit devenir la plus puissante du monde, est programmé mercredi à 01h04 heure locale (07h04 suisse), avec une fenêtre de tir possible de deux heures.
Le compte à rebours a d'ores et déjà redémarré au centre spatial Kennedy, où l'immense engin orange et blanc attend toujours patiemment son baptême de l'air.
Le décollage est prévu moins d'une semaine après le passage de l'ouragan Nicole, dont la fusée a affronté les vents sur son pas de tir.
Le lancement reste toutefois suspendu à une ultime réunion lundi: les responsables de la mission doivent déterminer le risque associé à l'endommagement par l'ouragan d'une fine couche de mastic au niveau de la capsule Orion, située au sommet de la fusée. Il s'agit d'évaluer si ce matériau pourrait se détacher davantage au moment du décollage et ainsi poser problème.
Deux dates de repli sont possibles en cas de besoin, les 19 et 25 novembre.
Une fois n'est pas coutume, la météo s'annonce clémente, avec 90% de chances de temps favorable durant la fenêtre de tir. Fin septembre, la fusée avait dû être rentrée dans son bâtiment d'assemblage pour être mise à l'abri d'un autre ouragan, Ian, repoussant le décollage de plusieurs semaines.
Avant ces déboires météorologiques, deux tentatives de lancement avaient échoué cet été, dans les dernières heures du compte à rebours:
Ces opérations de remplissage doivent désormais commencer mardi après-midi, sous les ordres de Charlie Blackwell-Thompson, la première femme directrice de lancement de la Nasa.
Environ 100 000 personnes sont attendues sur la côte pour assister à ce décollage nocturne, lors duquel la fusée promet d'illuminer le ciel dans une grande boule de feu.
La capsule Orion sera soulevée par deux propulseurs d'appoints et quatre puissants moteurs sous l'étage principal, qui se détacheront au bout de quelques minutes seulement. Après une dernière poussée par l'étage supérieur, la capsule sera sur le chemin de la Lune, qu'elle mettra plusieurs jours à rejoindre.
Elle n'y atterrira pas, mais sera placée en orbite distante, s'aventurant même jusqu'à 64 000 km derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu'ici.
Puis la capsule entamera son retour vers la Terre. Son bouclier thermique, le plus grand jamais construit, devra supporter une température de moitié aussi chaude que la surface du Soleil en traversant l'atmosphère.
Si le décollage a bien lieu mercredi, la mission durerait ainsi 25 jours et demi, avec un amerrissage dans l'océan Pacifique le 11 décembre.
La réussite de cette mission est cruciale pour la Nasa, qui développe la fusée SLS depuis plus d'une décennie, et aura investi d'ici fin 2025 plus de 90 milliards de dollars dans son nouveau programme lunaire, selon un audit public.
Après cette première mission, Artémis 2 emportera en 2024 des astronautes jusqu'à la Lune, toujours sans y atterrir. Cet honneur sera réservé à l'équipage d'Artémis 3, en 2025 au plus tôt.
Le nom Artémis a été choisi d'après une figure féminine, la soeur jumelle du dieu grec Apollon, en écho au programme Apollo, qui a envoyé douze hommes sur la surface lunaire entre 1969 et 1972. La Nasa ambitionne cette fois d'y envoyer la première femme et la première personne de couleur.
L'agence spatiale souhaite ensuite lancer la construction d'une station spatiale en orbite autour de la Lune et d'une base sur sa surface.
Là, l'humanité doit apprendre à vivre loin de la Terre, et développer toutes les technologies nécessaires - centrale électrique, véhicules, combinaisons... - à un aller-retour vers Mars. (ats/jch)