Les probabilités d'une libération étaient déjà jugées minces, pour le néo-nazi Anders Behring Breivik, l'auteur d'un massacre qui avait fait 77 victimes en 2011. Elles se sont encore amenuisées mercredi avec le témoignage d'une psychiatre. Celle-ci l'a présenté comme toujours aussi dangereux.
Disant avoir renoncé à la violence, Breivik plaide pour une libération conditionnelle. L'extrémiste de 42 ans avait été condamné en 2012 à la peine maximale à l'époque.
Une psychiatre qui l'a observé en prison, la seule experte à être appelée à la barre cette semaine, a douché ses espoirs d'une remise en liberté immédiate.
«J'estime que Breivik a le même diagnostic que celui qu'il a toujours eu», a déclaré Randi Rosenqvist devant le tribunal du Telemark au deuxième jour d'une procédure délocalisée, pour des raisons de sécurité, dans le gymnase de la prison de Skien où le détenu purge sa peine.
«Le risque de futurs actes violents n'a pas changé par rapport à 2012 et 2013 quand j'ai rédigé ma première évaluation» réalisée à l'époque où Breivik a été jugé, a-t-elle affirmé.
Selon l'experte, le détenu souffre de troubles de la personnalité qu'elle a décrite comme «asociale, histrionique et narcissique», manque d'empathie et aurait «très peu de chances de fonctionner» dans la société en cas de libération.
Elle a encore souligné les difficultés à fournir une forme de vie sociale à Breivik, étape pourtant considérée comme une condition nécessaire à sa réhabilitation et sa réinsertion future dans la société.
Invoquant son absence de remords crédibles et ses tentatives continues de diffuser son idéologie, les autorités pénitentiaires ont également souligné que les conditions d'une libération conditionnelle n'étaient pas réunies.
«La prison estime qu'il y a un danger important pour qu'il commette à nouveau des crimes semblables à ceux pour lesquels il a été condamné, s'il est libéré à ce stade», a témoigné une conseillère juridique de la prison de Skien, Emily Krokann.
Généralement placide, Breivik a à plusieurs reprises secoué la tête et ri pendant l'intervention de la psychiatre. De son côté, il s'est plaint de conditions de détention, disant être traité «comme un animal», faute de contacts suffisants avec le monde extérieur.
«Quelqu'un qui a été jugé pour un acte criminel ne peut jamais garantir qu'il ne le refera jamais parce que cela dépend de la société, si elle lui donne une chance ou pas», a-t-il dit mercredi aux trois juges, qui lui demandaient de prouver qu'il n'était plus, comme il affirme, un militant violent.
Il a assuré qu'en cas de libération anticipée, il continuerait son engagement pro-nazi, mais par des voies pacifiques. (ats/mbr)