R.I.P. les coquillettes et autres fusili qui réjouissaient tant les estomacs que les petits budgets. Dans un communiqué publié il y a quelques jours, le syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires (Sifpaf) et le Comité français de la semoulerie industrielle (CFSI) ont alerté sur la mise en danger du marché des pâtes.
La faute notamment à la sécheresse inhabituelle qui a anéanti le Canada, premier pays producteur de blé, ces derniers mois, ainsi qu'aux pluies extrêmes s'étant abattues sur une majeure partie de l'Europe.
Pour les deux organismes, une telle situation se répercute de façon négative sur la récolte de l'ingrédient star des pâtes: le blé dur, très sensible à l'humidité et aux sécheresses précoces. Cet été, elle a été trois fois moins importante que la moyenne des cinq dernières années.
Selon Stéphane de Cara, directeur de recherche à l'Inrae pour Le Parisien: «les changements climatiques contribuent à augmenter la probabilité que de tels événements se produisent davantage»
Ce constat, Song Feng l'affirme également dans une étude publiée en 2019 repéré par le média Futura. Selon le chercheur, l'augmentation de la fréquence et de l'étendue des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait entraîner «un choc de production sans précédent».
Plus que la quantité, la qualité du blé dur pourrait également être dégradée, comme le rappelle Christine Petit, secrétaire générale du Sifpaf. Dans le communiqué, elle mentionne notamment des infections à de mauvaises bactéries ainsi qu'une diminution du taux protéique ou d'amidon, rendant la production de pâtes impossible, et faisant ainsi frémir les fabricants qui craignent pour la préservation de leur emploi.
Le fait que les dérèglements climatiques pèsent sur la profession est un autre argument d'alerte cité dans le communiqué.
Raison pour laquelle le Sifpaf et le CFSI en appellent aux Pouvoirs Publics afin de mettre en place un plan d’urgence pour lui permettre d’assurer son approvisionnement en blé français. Notamment afin d'éviter le risque que des fabricants de pâtes décident de remplacer le blé dur par du blé tendre. Ce dernier, de qualité inférieure, couvre actuellement près de 30% du blé mondial. (mndl)