Trois députés maoris ont été temporairement exclus du Parlement néo-zélandais après avoir exécuté une danse rituelle au sein de l’hémicycle. Au terme de plusieurs mois de débats, les députés ont voté la suspension de Debbie Ngarewa-Packer et Rawiri Waititi, coprésidents du parti maori, pour une durée de 21 jours. Leur collègue Hana-Rawhiti Maipi-Clarke a été suspendue pour sept jours. Pendant cette période, aucun d’eux ne percevra de salaire.
En novembre dernier, ces élus avaient protesté contre un projet de loi critiqué pour sa remise en cause des droits des Maoris, peuple autochtone de Nouvelle-Zélande. Lors d'une séance parlementaire, Hana-Rawhiti Maipi-Clarke a symboliquement déchiré le texte législatif, tandis que ses collègues entamaient un haka traditionnel, ponctué de chants puissants, de regards écarquillés et de langues tirées.
Depuis, le projet porté par le parti ACT, formation de droite libérale, a été rejeté. Il visait à redéfinir le traité de Waitangi – texte fondateur du pays – qui encadre notamment les droits fonciers des Maoris.
Le parti maori a vivement dénoncé les suspensions. «Le Parlement a envoyé un message clair aux générations futures: leur identité maorie constitue une menace pour la démocratie néo-zélandaise», a-t-il asséné. Les élus assurent que leur haka ne relevait ni de la provocation, ni de l’intimidation.
Un comité parlementaire chargé d’examiner l’incident a précisé que le haka n’est pas interdit dans l’enceinte du Parlement. Toutefois, son exécution nécessite l’autorisation préalable du président de l’assemblée et ne doit pas entraver le bon déroulement des travaux.
Le haka est l’un des rituels les plus emblématiques et significatifs de la culture maorie. Il est aujourd’hui exécuté à de nombreuses occasions, pour souligner la solennité ou l’importance d’un événement.
Originaires de Polynésie, les Maoris ont commencé à peupler la Nouvelle-Zélande dès le 8e siècle. L’arrivée des Européens au 17e siècle a rapidement provoqué des conflits violents autour de la terre et de la propriété. Aujourd’hui, près de 900 000 Maoris vivent en Nouvelle-Zélande, soit un peu plus de 17% de la population. Bien qu’ils soient représentés sur la scène politique, beaucoup restent marginalisés et vivent dans des conditions précaires. (ja avec dpa)