Les images du pape François assoupi sur sa crosse, comme dernièrement lors d'une visite apostolique effectuée en Belgique du 26 au 29 septembre, font marrer dans les émissions d’infotainment. Le souverain pontife est un bon client. L’ancien archevêque de Buenos Aires est le contraire d’un guindé. Mais Francesco est aussi un politique prenant à l'occasion des accents de parrain. Lors de son déplacement dans le plat pays, il a mis son hôte ippon au sujet de l’avortement.
Opposé à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), en cela fidèle à la ligne de l’Eglise catholique, il a annoncé son intention de béatifier l’ancien roi des Belges, Baudoin, mort en 1993. Un honneur pour la Belgique. Sauf que la raison valant cette prochaine béatification n’est pas du goût de tous les Belges, en majorité favorables au droit d’avorter.
Le pape veut honorer Baudoin parce que ce dernier s’était opposé en 1990 à la loi instaurant l’IVG en Belgique. Paris-Match rapporte à ce propos:
En 1990, l’approbation du souverain belge était nécessaire pour promulguer la loi votée par le parlement. Mais il avait refusé de donner sa voix à un texte heurtant sa conscience. Le parlement avait alors déclaré le roi «dans l’impossibilité de régner» et la loi était passée.
L’annonce de la béatification de Baudoin a été confirmée par le pape lui-même sur son compte X:
À mon retour à Rome, je lancerai le processus de béatification du roi Baudouin : que son exemple d'homme de foi puisse illuminer les gouvernants.
— Pape François (@Pontifex_fr) September 29, 2024
L’initiative du souverain pontife a mis la famille royale belge dans l’embarras. Elle n’a pas commenté ses propos sur Baudoin et l’avortement.
A la télévision, le président honoraire du tribunal de première instance de Bruxelles, Luc Hennart, désapprouvant le chef de l’Eglise catholique, a dit que les déclarations du pape «méritaient un ordre de quitter le territoire», ni plus, ni moins. Le magistrat honoraire a tenu à préciser que, contrairement à ce qu’a dit le pape, le roi Baudoin n’avait pas démissionné, ce qui aurait mieux valu, comprend-on, mais qu’il y avait été contraint. Bref, les Belges n'oublieront pas la prise de judo – le coup en traître, diront certains – que François leur a faite.
🎙️Visite du pape François : "ses propos méritaient un ordre de quitter le territoire"
— LN24 (@LesNews24) September 30, 2024
➡️Luc Hennart, président honoraire du tribunal de première instance de Bruxelles, nous livre son point de vue sur les propos tenus par le pape François lors de sa visite à Bruxelles ce week-end pic.twitter.com/27czrlahAO