«Une erreur dévastatrice»: le pape François a prononcé lundi des excuses historiques aux peuples amérindiens canadiens. Il a demandé «pardon pour le mal» fait pendant des décennies dans les pensionnats pour autochtones.
Evoquant une «erreur dévastatrice», il a reconnu la responsabilité de certains membres de l'Eglise dans ce système dans lequel «les enfants ont subi des abus physiques et verbaux, psychologiques et spirituels». Les paroles du pape, traduites en anglais, ont été accueillies par des applaudissements nourris après la demande de pardon.
Au total, le souverain pontife a demandé «pardon» à trois reprises, «avec honte et clarté», lors de ce premier discours très attendu, prononcé en espagnol sur le site de l'ancien pensionnat d'Ermineskin, en présence de nombreux survivants et membres des communautés autochtones (Premières Nations, Metis et Inuits), qui sont apparus très émus.
Pour ce «pèlerinage pénitentiel», le pape a placé le douloureux chapitre des «écoles résidentielles» pour enfants autochtones, un système d'assimilation culturelle qui a fait au moins 6000 morts entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, et créé un traumatisme sur plusieurs générations.
Le gouvernement canadien, qui a versé des milliards de dollars en réparation à d'anciens élèves, s'est officiellement excusé, il y a 14 ans, d'avoir créé ces écoles mises sur pied pour «tuer l'indien dans le coeur de l'enfant».
L'Eglise anglicane avait ensuite fait de même. Mais l'Eglise catholique, en charge de plus de 60% de ces pensionnats, a toujours refusé de le faire.
C'est à Maskwacis, une réserve autochtone à une centaine de kilomètres au sud d'Edmonton, que le pape a choisi de prononcer ses premières excuses en sol canadien, à proximité de l'ancien pensionnat d'Ermineskin, l'un des plus grands du Canada, ouvert de 1895 à 1975.
Pour le recevoir, plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées, sous une pluie fine et dans une ambiance de recueillement. Beaucoup portaient des habits avec le nom ou le logo de leur communauté. D'autres, le tee-shirt orange symbole des autochtones.
Le pape se rendra ensuite à 16h30 (00h30 heure suisse mardi) à l'église du Sacré-Coeur des Premiers Peuples d'Edmonton.
En avril, le Saint Père avait pour la première fois présenté ses excuses au Vatican pour le rôle joué par l'Eglise dans les 130 pensionnats du pays.
Quelque 150 000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans ces écoles, où ils étaient coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture, et souvent victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles.
Petit à petit, le Canada ouvre les yeux sur ce passé qualifié aujourd'hui de «génocide culturel»: la découverte de plus de 1300 sépultures anonymes en 2021 près de ces pensionnats a créé une onde de choc.
Mardi, le pape célèbrera une messe au Commonwealth stadium d'Edmonton et se rendra au lac Sainte-Anne, site d'un important pèlerinage annuel. Il rejoindra ensuite Québec mercredi avant une dernière étape vendredi à Iqaluit (Nunavut), ville du grand Nord canadien dans l'archipel arctique.
Toujours affaibli par des douleurs au genou, le jésuite argentin circule en fauteuil roulant. Son programme a été aménagé pour limiter ses déplacements. (ats/jch)