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La gauche française risque d'exploser à cause de Louis Boyard

Le candidat et favori Louis Boyard.
Le candidat et favori Louis Boyard.image: capture

La gauche française risque d'exploser à cause de lui

Le second tour d'une élection municipale ce dimanche en France, où les insoumis sont favoris, mais où les socialistes posent leurs conditions, risque d'être fatal à la fragile union de la gauche. Des tweets pro-Hamas récemment exhumés pourraient être le point de bascule.
28.01.2025, 16:5729.01.2025, 19:50
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C’est une ville de banlieue plutôt pauvre, comme on en trouve beaucoup dans la ceinture parisienne. Dimanche, Villeneuve-Saint-Georges, 33 000 habitants, élit son maire – le sortant, Philippe Gaudin, auteur en 2024 d’un salut nazi qu’il «ne s’explique pas», a provoqué la débandade dans l’équipe municipale, obligeant à la tenue d’une nouvelle élection.

Ce scrutin pourrait être le tombeau de la fragile alliance à gauche, où certains socialistes s’accommodent de moins en moins du mariage forcé de leur parti avec La France insoumise (LFI), qu’ils accusent de complaisance avec l’antisémitisme et de connivence avec les islamistes et les soutiens du Hamas. Bref, le groupe vit mal.

Le premier tour a eu lieu dimanche 26 janvier. C’est le très médiatique Louis Boyard, député de La France insoumise (LFI), 24 ans seulement, l’un des fidèles de Jean-Luc Mélenchon, qui est arrivé en tête (24,89%), devant la candidate du parti de droite Les Républicains, Kristell Niasme (22,70%). Les noms n’ont pas beaucoup d’importance. Les enjeux, eux, sont colossaux. Pour la gauche, donc.

La victoire de Louis Boyard – qui quittera l’Assemblée nationale s’il est élu maire, mais cela en vaut la peine – n’est pas acquise. Il lui faudra toutes les voix de la liste concurrente de gauche, Ensemble pour Villeneuve, troisième au premier tour avec 20,70% des voix, pour espérer l’emporter. Si la plupart de ses composantes, dont les communistes et les écologistes, semblait disposée à fusionner avec la gauche radicale LFI au second tour, le PS posait ses conditions, a appris Le Figaro.

Les tweets pro-hamas d'un membre de la liste LFI

Les socialistes, qui contesteraient sûrement la couleur des chaussettes de Louis Boyard s’il fallait à tout prix trouver un motif de non-alliance, tant il leur répugne de se soumettre à La France insoumise, exigeaient le retrait du 7e de la liste LFI, Mohammed Ben Yakhlef, dont plusieurs publications pro-Hamas ont été exhumées dans la foulée du 7-Octobre. Le jour des massacres, il publiait sur X:

«Honte à la France qui ose qualifié (sic) la résistance palestinienne de "terroriste". La résistance répond au terrorisme d’Etat de l’Etat sioniste. La France est complice du génocide des Palestiniens.»
Mohammed Ben Yakhlef

Par ailleurs, le 13 mars dernier, ajoute Le Figaro, il dénonçait la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostentatoires à l’école. «20 ans d’islamophobie, 20 ans de résistance», avait-il indiqué. Ces publications ont assurément quelque chose d’incompatible avec la ligne universaliste et laïque que le PS continue de vouloir défendre.

La droite en mode «front républicain»

De leur côté, les figures de la droite française, Bruno Retailleau, Valérie Pécresse ou encore Laurent Wauquiez, appellent à un front républicain qui ne dit pas son nom pour faire barrage à l’«extrême gauche».

Prenant la pose du rassembleur, Louis Boyard y va d’un «allons, allons, cessons ces enfantillages», censé aplanir les divergences à gauche. Les candidats qualifiés pour le second tour avaient jusqu’à 19 heures mardi 28 janvier pour communiquer leur liste définitive. Finalement, la liste de gauche Ensemble pour Villeneuve a choisi de ne pas fusionner avec la liste LFI de Louis Boyard, tout en décidant de ne pas se maintenir au second tour.

Dans l’affaire, c’est LFI qui tient la cerise par la tête. Si La France insoumise, en passe de gagner sa première mairie en France, pas la dernière, espère-t-elle, n’obtient pas le soutien des socialistes, ceux-ci pourraient avoir à le payer cher en 2026, lors des élections municipales qui se tiendront dans l’ensemble de l’Hexagone. Le PS, qui a gardé un large ancrage local, avec de nombreuses mairies, aura besoin du soutien des insoumis pour se maintenir dans ses principaux fiefs, table-t-on.

La menace de la patronne LFI à l'Assemblée

Pour le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Centre de la vie politique française:

«Le juge de paix sera peut-être moins l’élection de Villeneuve-Saint-Georges que, le lendemain, le vote du budget de la nation au parlement»
Bruno Cautrès

La cheffe du groupe des Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a prévenu les socialistes mardi 28 janvier qu’ils s’exposeraient à «un changement d’alliance», s’ils décidaient de ne pas se joindre à la motion de censure qu’entend déposer LFI le 2 février contre le gouvernement Bayrou.

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