La journaliste philippine et prix Nobel de la paix Maria Ressa a été acquittée mardi à Manille du dernier chef d'évasion fiscale pour lequel elle était poursuivie. Elle risque encore toutefois une longue peine de prison dans d'autres procédures.
La lauréate a souri à la lecture par le juge du verdict, qui a également acquitté Rappler, le média en ligne dont elle est la cofondatrice.
La femme âgée de 59 ans et un ancien collègue, Rey Santos Jr, ont également été déclarés coupables en 2020 de «cyberdiffamation». L'affaire, pour laquelle ils risquent près de sept ans de prison, est actuellement examinée par la Cour suprême des Philippines.
Son média Rappler, quant à lui, conteste un ordre de fermeture de la Commission philippine des valeurs mobilières et des changes pour avoir prétendument violé l'interdiction de la propriété étrangère dans les médias.
En vertu de la Constitution, les investissements dans les médias sont réservés aux citoyens philippins ou aux entités contrôlées par eux. Les poursuites découlent d'un investissement réalisé en 2015 par la société philanthropique Omidyar Network, créée par le fondateur d'eBay, Pierre Omidyar.
La société a ensuite transféré son investissement aux gestionnaires locaux du site afin de prévenir toute tentative de fermeture par le gouvernement.
Le média et sa fondatrice ont été confrontés à ce que les défenseurs de la liberté de la presse décrivent comme une série de poursuites pénales et d'arrestations arbitraires et de harcèlement en ligne. Le gouvernement de Rodrigo Duterte (2016-2022) a affirmé qu'il n'avait rien à voir avec le déclenchement de ces poursuites judiciaires.
Une autre féroce détractrice de l'ex-président, la militante des droits humains Leila de Lima, a passé plus de six ans en prison pour des accusations de trafic de drogue qui, selon elle, ont été fabriquées de toutes pièces pour la réduire au silence. Tout au long de la campagne menée contre elle, Maria Ressa, qui a également la nationalité américaine, est restée aux Philippines.
Elle se trouve en liberté sous caution pendant l'examen par la Cour suprême de sa condamnation pour cyberdiffamation, et doit demander l'autorisation du tribunal lorsqu'elle souhaite se rendre à l'étranger. Cela a été le cas lorsqu'elle s'est rendue en Norvège en décembre 2021 pour recevoir son prix Nobel de la paix avec le Russe Dmitri Mouratov, pour leurs efforts visant à «sauvegarder la liberté d'expression».
La journaliste s'est montrée optimiste mardi, affirmant que son dernier acquittement en date «renforce notre détermination à poursuivre le système judiciaire». «Cela montre que le système judiciaire fonctionne et nous espérons que les autres accusations seront rejetées», a-t-elle déclaré. (ats/jch)