En début de soirée, la situation demeurait très confuse dans la capitale de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest à l'histoire politique troublée.
Selon différents témoignages, des hommes en armes sont entrés en début d'après-midi dans le complexe du palais du gouvernement, qui abrite les différents ministères en périphérie de la capitale. C'est là que devait se tenir un conseil des ministres extraordinaire, en présence du président et du premier ministre Nuno Gomes Nabiam. Des témoignages ont présenté ces hommes comme des militaires, d'autres comme des civils.
«Tout va bien», a rassuré le président Umaro Sissoco Embalo dans un très bref entretien téléphonique avec l'AFP, sans qu'apparaissent les conditions dans lesquelles il s'exprimait.
Plus tard dans la soirée, il a indiqué que la tentative de coup d'Etat avortée, menée mardi après-midi, avait fait «plusieurs blessés graves et des morts».
«Les assaillants auraient pu me parler avant ces événements sanglants, ayant fait plusieurs blessés graves et des morts». Il n'a pas désigné clairement les auteurs du coup de force, mais l'a attribué aux «décisions (qu'il a) prises, notamment la lutte contre le narcotrafic et la corruption».
Des tirs nourris ont été entendus une bonne partie de l'après-midi, tandis que les alentours du palais ont été en proie à des mouvements d'habitants fuyant les lieux. Les marchés se sont vidés, et les banques ont fermé leurs portes.
Des hommes lourdement armés ont encerclé le complexe, où le président et les ministres étaient présumés bloqués, sans qu'on sache si ces hommes étaient des mutins ou des forces loyales au pouvoir. Un correspondant de l'AFP a rapporté qu'un homme en arme l'avait sommé de s'éloigner en le mettant en joue.
Au moment où elle passait devant le palais, une témoin interrogée par l'AFP a vu des soldats en armes y entrer. «Ils ont fait sortir le personnel féminin. C'était la grosse panique», a relaté cette Française de 36 ans.
Un large cordon sécuritaire a été mis en place autour du palais, tenant les journalistes et les curieux à distance. Des véhicules chargés d'hommes armés ont circulé dans les rues de la ville.
Un journaliste a rapporté sous le couvert de l'anonymat que le siège de la télévision publique était occupé depuis le début de l'après-midi par des militaires qui ont empêché les journalistes de sortir. On ignorait s'ils étaient des militaires loyalistes ou rebelles, a-t-il précisé.
C'est une nouvelle tentative de coup de force en Afrique de l'Ouest.
Ces évènements évoquent immanquablement les putschs en série qui agitent l'Afrique de l'Ouest depuis 2020: au Mali en août de cette année-là et à nouveau en mai 2021, en Guinée en septembre 2021, et au Burkina Faso en janvier de cette année. La situation dans ces différents pays doit d'ailleurs être discutée cette semaine lors d'un sommet de la Cédéao.
Qu'il s'agisse ou non d'une tentative avérée de coup d'Etat, les attaques ont été fermement condamnées.
«La Cédéao condamne cette tentative de coup d'Etat et tient les militaires responsables de l'intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement», a déclaré la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Même son de cloche à l'Union africaine, dont le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, «suit avec grande inquiétude la situation en Guinée-Bissau, marquée par une tentative de coup d'Etat contre le gouvernement du pays», selon un communiqué.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé dans un communiqué «l'arrêt immédiat» des combats à Bissau et «le plein respect des institutions démocratiques du pays». (ats/mbr)