Allez savoir pourquoi le FBI a choisi Nocturne n°1 de Chopin pour tenter d'inciter les espions russes à trahir Vladimir Poutine. Une vidéo de deux minutes, plutôt désagréable à regarder, explique aux aspirants traîtres l'itinéraire à emprunter pour rejoindre les rangs occidentaux. Littéralement. De l'ambassade russe à Washington au siège des renseignements américains, la caméra, qui tangue méchamment, se met dans la peau de l'espion (en POV, point of view, comme disent les vidéastes pro, les gamers et les habitués du porno).
Des rues vides, un bête arrêt de bus, quelques monuments historiques, puis, enfin, le célèbre J. Edgar Hoover Building, que tous ceux qui passent leur soirée devant des films et séries américaines connaissent par cœur.
Comme l'explique Daily Beast, qui est tombé par hasard sur cette mise en scène en scrollant sur différents réseaux sociaux, l'étrange vidéo n'a pas tout à fait été publiée de manière classique. C'est en réalité une publicité «ciblée et géolocalisée», puis hébergée sur les différentes pages régionales du FBI. Comme Houston, par exemple. Tout est (évidemment) écrit et sous-titré en russe.
La seule partie proposée en anglais, c'est le monologue d'Alan Kohler, responsable de la division de contre-espionnage du FBI, qui clôt la vidéo. Face caméra, l'officiel américain supplie (quasiment) les espions russes à collaborer avec les Etats-Unis.
Selon une source citée par Daily Beast, «l'opération vise à rassurer les potentiels informateurs russes désireux de divulguer les secrets de leur gouvernement en toute sécurité». En cliquant sur le lien qui accompagne la vidéo, on tombe sur une page du FBI, qui ressemble à une offre d'emploi:
Impossible de savoir si ces fuites classifiées et volontaires seront rémunérées. En revanche, Daily Beast a estimé que le FBI avait déjà dépensé entre 13 000 et 14 600 dollars en publicités vidéo sur Facebook.
Ce n'est évidemment pas la première fois que les Etats-Unis draguent les espions russes, notamment ceux basés sur le territoire. Mais cette nouvelle campagne sur les réseaux sociaux et surtout sa mise en scène a de quoi étonner. Le média américain a d'ailleurs eu l'occasion de soumettre cette publicité à un ancien agent spécial des renseignements intérieurs. Il est (très) mitigé.
Ces publicités ont été aperçues sur Twitter, Facebook, Instagram, Google et YouTube.
(fv)