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Présidentielle 2022. Pourquoi Pécresse la «bourgeoise» peut gagner

Valérie Pécresse à l'Elysée?
Valérie Pécresse à l'Elysée?image: montage sainath bovay-shutterstock/keystone
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Pourquoi Valérie Pécresse la «bourgeoise» peut gagner la présidentielle

Valérie Pécresse, victorieuse de la primaire à droite et donnée vainqueur par un sondage face à Emmanuel Macron, dispose d'atouts lui permettant d'espérer gagner. Pour de vrai.
08.12.2021, 19:0809.12.2021, 08:20
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Pécresse, un effet «push»? Dans le monde des médias en ligne, le push est ce lien envoyé sur les smartphones pour signaler à leur propriétaire un article pouvant les intéresser et sur lequel ils sont invités à cliquer. Le présent article aura fait l’objet d’un push, par exemple. A la réception de ce dernier, généralement l’audience connaît un pic. Qui, logiquement aussi, finit par retomber (aïe!).

Arrivera-t-il la même chose à Valérie Pécresse, passée cette semaine de 10% à 20% d’intentions de vote, trois jours après sa victoire (le push) à la primaire du parti Les Républicains? Au contraire, parviendra-t-elle à se maintenir à une altitude qui la donne aujourd’hui gagnante au deuxième tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, l’actuel titulaire du poste?

Ils ne sont pas nombreux, les candidats déclarés à pouvoir remporter l’élection d’avril prochain. Avant cela, il faut se qualifier pour le second tour. Ceux paraissant capables d'y parvenir sont Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour, tous au-dessus de la barre des 10% dans les sondages, seuil à partir duquel tout devient possible.

Elle ou lui?

Mais, en se fiant à la jurisprudence électorale présidentielle, favorable aux candidats acceptant de se déporter au centre, quand ils ne sont pas eux-mêmes centristes, on conviendra que les extrêmes – représentées par Le Pen et Zemmour dans ce carré de tête – n’ont aucune chance, ou alors infime, d’accéder à l’Elysée au terme du second tour, que ce soit face à Macron ou face à Pécresse.

Restent donc ces deux-là, l’un pour La République en marche (LaREM), l’autre pour Les Républicains (LR). A moins d’un réveil à gauche – qui planche sur le scénario d’une candidature unique, le nom de Christiane Taubira étant cité comme celui d’une sainte capable de miracles –, on ne voit pas que la future présidence puisse échapper à Emmanuel Macron ou Valérie Pécresse.

«Pugnace, combattive, énergique»

Alors, à ce stade, pourquoi plutôt elle que lui? «Dans les débats de la primaire LR, elle était la plus pugnace, la plus combattive, elle était celle qui dégageait le plus d’énergie», a trouvé Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste au magazine Le Point et auteur du «Sursaut. Histoire intime de la Ve République» (éditions Gallimard), dont le tome 1 vient de paraître. «Et ne l'oublions pas, ce qui compte dans ce genre d'élection, c'est la personnalité plus que le programme», rappelle Giesbert.

Cette énergie, ce punch, qui peuvent paraître chez Valérie Pécresse parfois surjoués et comme tenant lieu, justement, de personnalité, seraient ce qui faisait il y a cinq ans la modernité et la jeunesse, synonyme de renouvellement, d’Emmanuel Macron. Apparaîtrait-il à présent un peu usé, sinon carbonisé par son mandat présidentiel, peut-être le plus éprouvant de l’histoire de la Ve, pour reprendre l’unité temporelle du livre de Franz-Olivier Giesbert? Il aura eu à affronter la menace terroriste, le Covid et, dans l’intervalle, sans doute l’épreuve la plus dure, la plus angoissante de toutes, la crise des gilets jaunes.

Stop ou encore?

Ces revers surmontés tant bien que mal lui vaudront-ils la reconnaissance des Français, comme à un chef de guerre valeureux? A l’inverse, ceux-ci voudront-ils du sang neuf, fut-il produit par la vieille droite, dont le retour au pouvoir réactiverait l'ancien clivage avec la gauche, jugé plus rassurant que l'«en même temps» macronien? Avec son carré brushé de séries américaines, sa veste rouge électrique, son regard perçant et sa bouche de vainqueur, Valérie Pécresse, plutôt taille mannequin, présente bien. Ceux qui disent que cela ne compte pas savent qu’ils mentent. La présentation, l’allure, c’est important – certes, pas suffisant.

Femme

Pareil pour ceux qui prétendent qu’être une femme ne saurait constituer un argument. Or, cela peut jouer en faveur de la candidate, comme en sa défaveur. Retenons l’option positive pour elle: les Français auront le désir d'élire, pour la première fois, une femme à la présidence de la République dans un mélange de fierté, de féminisme et d'envie de «moderne», comme on disait dans les années 70.

Tout ça c'est bien beau, mais...

Très bien, mais Valérie Pécresse est-elle seulement en mesure de faire le job? Saura-t-elle tenir tête aux Poutine (elle parle russe!), Biden et autres Xi Jinping? Ses partisans répondront qu’elle vient de battre quatre mecs de son parti, réputé macho. Question compétences, cette tête de première de la classe aurait plutôt à en revendre: juriste, énarque, membre du Conseil d’Etat (la plus haute juridiction administrative), elle fut «conseillère technique» de Jacques Chirac à l’Elysée, puis députée, ministre et enfin, son actuel mandat, présidente de cette France en réduction qu’est la région Île-de-France, 12 millions d’habitants, qu’elle a ravie à la gauche socialiste en 2015.

«Bourgeoise»

Question classe sociale, c’est indéniablement une bourgeoise. Qui plus est catholique. Par-dessus le marché, née à Neuilly-sur-Seine et élevée à Versailles, fief du conservatisme bon teint, à l’occasion ultra. Très «poussette» pendant la Manif pour tous, ce mouvement de 2013 opposé à la loi instaurant alors le mariage entre personnes de même sexe, Valérie Pécresse, mariée, mère de trois enfants, a fait à ce sujet «amende honorable», rappelle Franz-Olivier Giesbert.

De là à être populaire… Pour sûr, elle ne fait pas «peuple», si l'on entend par-là camping et fins de mois difficiles. Mais ce n’est pas tant cette dernière caractéristique que les Français, qui ne sont pas dupes, attendent d’un ou d’une candidate à la fonction suprême. Sa mission en termes d’image sera moins de paraître ce qu’elle n’est manifestement pas, que de présenter un visage avenant et sympathique. D'être par moments la bonne copine.

Si sa candidature prend, elle sera tout autant «Pécresse» que «Valérie» ou même «Valoche» pour les intimes

«Elle se chiraquisera si les circonstances l’exigent», dit d’elle Franz-Olivier Giesbert. Autrement dit, elle mettra un peu de gauche dans un programme pour l’heure ancré à droite sur tous les thèmes. Et puis, cette catholique a-t-elle certainement du cœur.

L'Arménie, premier voyage

Pour l’instant, la candidate LR, concurrente directe de Marine Le Pen et Eric Zemmour pour le premier tour, continue de marquer son terrain de signaux identitaires. L’appartenance à la chrétienté en est un, implicitement face à l’islam. Selon certains tweets, son premier voyage à l’étranger en tant que candidate à la présidentielle serait réservé à l’Arménie. L'an dernier, la petite république chère aux Français a vu sa présence réduite en miettes au Haut-Karabakh, cette province située en Azerbaïdjan, un pays soutenu par la Turquie.

Entretien avec Hugo Clément
Video: watson
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