Ce n'est rien de plus qu'un morceau de papier froissé, mais ce qui y est écrit fait sensation: selon le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War, un document a été découvert en Russie, qui donne un nouvel éclairage sur la création de la troupe de mercenaires Wagner.
Le document est daté du 1er mai 2014, donc avant la première intervention présumée des mercenaires de Wagner dans le Donbass. Il a été signé par Evgueni Prigojine et Dmitry Utkin, les deux fondateurs de l'armée privée. Il énumère plusieurs règles que doivent respecter les mercenaires de Wagner, complétées par des mentions manuscrites qui semblent presque ironiques à la vue des événements actuels.
Prigojine est mentionné dans le document comme directeur et doit se consacrer à plusieurs domaines d'activité de la troupe de mercenaires. Utkin, quant à lui, est listé comme commandant avec ses propres tâches.
En tant que «directeur» des mercenaires de Wagner, Prigojine doit donc s'occuper entre autres des points suivants:
En outre, Prigojine serait responsable de la résolution «collégiale» des problèmes au sein du groupe, ce point n'étant pas défini plus précisément.
Le fondateur de Wagner, Utkin, a d'autres tâches:
Dmitry Utkin devrait également veiller à ce que ses mercenaires utilisent correctement les connaissances qu'ils ont acquises et qu'ils mènent leurs missions à bien. Il doit, lui aussi, s'efforcer de résoudre les problèmes de manière «collégiale».
Mais ce n'est pas tout. Outre les tâches différentes des deux hommes de Wagner, il existe un point commun décisif.
Les deux listes de tâches contiennent des garanties de sécurité de l'armée privée vis-à-vis du Kremlin et en particulier de Vladimir Poutine. Ainsi, au point sept de sa liste, voici ce qu'on découvre:
Dans la liste de Prigojine, on peut traduire littéralement: «Ne pas se retourner contre le peuple russe» — une phrase qui, dans le contexte des récents événements, semble tout à fait ironique.
En effet, du 23 juin au 24 juin, Prigojine a déclenché une mutinerie contre le commandement militaire de la Russie et a occupé la mégapole du sud de la Russie, Rostov-sur-le-Don. Il a ensuite envoyé une colonne militaire à Moscou.
Ce n'est qu'à 200 kilomètres des portes de la capitale russe que Prigojine a interrompu sa «Marche de la justice» avant de s'exiler en Biélorussie. Aujourd'hui, personne ne sait où il se trouve exactement.
Il y a une dernière mission commune attribuée à Prigojine et Utkins. En note manuscrite, on peut lire:
Sans doute en référence à l'empereur romain Marc Aurèle, auquel la citation est attribuée.
Traduit et adapté par Noëline Flippe