Myanmar, Égypte, Népal, Tchad... Aujourd'hui, les coupures d'internet sont devenues une habitude des gouvernements autoritaires. Alors que les activistes et mouvements de protestation s'organisent majoritairement en ligne, leur supprimer le réseau internet, voire téléphonique, permet de les désorganiser efficacement.
Pour parer cette mesure répressive, des activistes anticipent et préparent le terrain en installant des réseaux de communication décentralisés. C'est le cas de NYC Mesh et Mycelium Mesh Project, des organisations qui créent des réseaux constitués de «noeuds» sans hiérarchie entre eux, contrairement à l'organisation fournisseur/client des opérateurs commerciaux.
Si couper internet est aussi simple, c'est en grande partie à cause de la centralisation du réseau. Dans la plupart des pays, il n'y a qu'une poignée de fournisseurs d'accès internet (FAI) pour des millions d'utilisateurs.
En France, bien que le gouvernement n'ait pas le droit de couper internet à la population, il serait techniquement assez facile de le faire. SFR, Orange, Free et Bouygues Télécom: quatre FAI seulement rassemblent la quasi-totalité des connexions dans l'Hexagone. Les convaincre de suspendre leur activité reviendrait essentiellement à couper le pays d'internet.
Mycelium Mesh Project propose justement de créer un réseau artisanal, qui ne passe pas par les FAI. Pour l'instant, l'organisation est parvenue à envoyer des messages textuels à vingt-et-un kilomètres de distance lors de tests à Atlanta, grâce à des routeurs alimentés par des batteries de cigarettes électroniques.
L'avantage de ce type de réseau est qu'il n'a même pas besoin d'être placé au domicile des activistes. Pilonnes électriques, réverbères, bâtiments abandonnés, un «noeud» du réseau peut en théorie être disposé n'importe où. En juillet 2020, NYC Mesh avait installé à Manhattan un point wifi dans un parc occupé par les manifestants contre les violences policières.
Cela peut avoir d'autres utilités, car les gouvernements autoritaires ne sont pas les seuls à perturber l'accès au réseau: il est vulnérable aux catastrophes naturelles ou accidents humains qui peuvent endommager les équipements qui distribuent internet. Récemment en Centrafrique, un incendie au siège d'Orange à Bangui a privé 20% du pays de sa connexion.
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original