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Ukraine: comment le groupe Wagner ravage Bakhmout

A man rides a bicycle past a building damaged in Russian shelling in Bakhmut, Donetsk region, Ukraine, Monday, June 20, 2022. (AP Photo/Efrem Lukatsky)
Des ruines d'immeubles suite à des bombardements aériens: c'est l'image que l'on retrouve dans toute la ville de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine.Image: sda

Comment le groupe Wagner ravage Bakhmout

Les combats font rage autour de la petite ville de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine. Malgré la violence des affrontements, la ligne du front ne bouge presque pas. Et la population en fait les frais.
27.11.2022, 08:08
Joana Rettig, Bakhmout/ watson.de
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Un champ de ruine au sud de Bakhmout. Les propriétaires des immeubles font des allers-retours sur le terrain. Boivent du café. Rient. Leurs dents sont noires, leurs yeux vitreux et rouges. A côté, une unité militaire ukrainienne tire de l'artillerie, les tirs des mitrailleuses résonnent à travers les maisons. Au même moment, des projectiles survolent la zone.

Ce n'est que très rarement que les gens se détournent. Les bruits sont devenus leur quotidien. Le front à la périphérie sud de la ville se trouve à un, voire deux kilomètres.

Bakhmout est actuellement, avec Avdiivka, la ville la plus disputée de l'est du pays. C'est également ce qu'a annoncé l'état-major ukrainien lundi soir. La petite ville fait partie du bouclier de défense ukrainien à l'est de l'agglomération entre Sloviansk et Kramatorsk.

Ukrainian soldiers fire an artillery at Russian positions near Bakhmut, Donetsk region, Ukraine, Sunday, Nov. 20, 2022. (AP Photo/LIBKOS)
L'artillerie ukrainienne en action près de Bakhmout.Image: sda

Depuis que les forces armées ukrainiennes ont libéré la ville de Kherson, située au sud du pays, de l'occupation russe, la Russie intensifie ses efforts à l'est. Ainsi, des troupes russes ont également été transférées de Kherson vers le front de Bakhmout.

Bakhmout est un objectif stratégique important pour la Russie à l'approche de l'hiver. Jusqu'à présent, les combats se déroulent en grande partie à la périphérie de la ville. Les forces russes et les mercenaires du groupe Wagner veulent s'infiltrer plus profondément. Depuis des mois, le groupe Wagner fait pression sur la petite ville.

Les efforts de la Russie se manifestent également au sud de Bakhmout, qui ressemble maintenant à un vrai champ de ruines.

Ici, le bruit de fond est assourdissant. On ne peut savoir de quel côté le projectile a été tiré que lorsque celui-ci apparaît dans le ciel au-dessus des gens - à ce moment-là, on peut entendre dans quelle direction il se dirige.

«Ni détente ni répit»

La ligne de front est trop proche. Chaque tir d'artillerie résonne de la même manière. Des détonations, des sifflements, des bruissements. Et ça craque. Tantôt au sud de ce champ de ruines, tantôt au nord. Entre les deux, il y a tout au plus trois ou quatre secondes.

La cible du côté russe sur le front sud, en ce jour de novembre, est une zone autour d'un pylône de transmission situé près d'une voie rapide du centre-ville à Bakhmout. Depuis le champ de ruines, on peut facilement observer les explosions dans cette zone.

Les combats autour de la ville sont également régulièrement évoqués par le gouvernement ukrainien. Le président Volodymyr Zelensky parle de combats amers et difficiles dans le Donbass. Il n'y a «ni détente ni répit», a déclaré Zelensky dans l'une de ses allocutions vidéo quotidiennes. Les troupes ukrainiennes seraient soutenues par des unités de gardes-frontières de Kharkiv et de Soumy. Une brigade de la garde nationale serait également active à Bakhmout.

«Nous ne céderons à l'ennemi dans aucune des zones de front. Nous réagissons partout, nous maintenons nos positions partout»
Volodymyr Zelensky

Les combats dans la région de Donetsk, et donc aussi à Bakhmout, ont récemment gagné en intensité. Un soldat ukrainien a raconté sur les réseaux sociaux que les combats étaient jusqu'à présent les plus durs depuis qu'il avait été envoyé sur le front près de Bakhmout.

Malgré les violents combats, le tracé du front évolue à peine, comme l'indiquent les rapports de situation militaires des deux côtés. Les organisations non gouvernementales qui apportent une aide humanitaire dans les zones de combat rapportent des faits similaires. On peut certes entendre les bruits - il s'agit avant tout de mitraillettes - qui indiquent que le front avance et recule. Mais ni les Russes ni les Ukrainiens n'ont fait état de grands succès.

Un champ de ruines

La plupart des ONG ukrainiennes ont des liens avec l'armée et les services secrets. Elles leur demandent de réévaluer chaque jour la situation sur le front. Et ce depuis des mois.

En mai, Bakhmout s'est retrouvée dans le champ de vision des militaires russes. Après avoir pris la petite ville de Popasna, située plus à l'est, la Russie en était suffisamment proche pour tirer avec son artillerie à courte portée. Au printemps, la ville n'avait signalé que des attaques isolées. Les premières personnes ont fui, mais beaucoup sont parties à quelques centaines de kilomètres de là, dans la grande ville de Dnipro.

Aujourd'hui, en novembre, Bakhmout n'est plus qu'un champ de ruines. Comparée aux impressions de mai, la ville est presque méconnaissable. Presque aucune maison n'a été épargnée par les attaques.

Sur les routes, on trouve sans cesse des trous d'impact de roquettes et d'artillerie. Des bombes non explosées sont plantées dans l'asphalte, des lignes de bus pendent. Des militaires ukrainiens traversent en permanence le centre-ville à bord d'antiques Ladas. Dans les quartiers résidentiels durement touchés, les montagnes de déchets s'accumulent. Une odeur âcre se mêle à la fumée qui se dégage des portes d'entrée des habitants restants.

Sur les routes, on trouve sans cesse des trous d'impact de roquettes et d'artillerie.
Sur les routes, on trouve sans cesse des trous d'impact de roquettes et d'artillerie.Image: sda

Ils cuisinent ici, du moment qu'ils ont encore quelque chose à cuisiner.

Car la situation humanitaire à Bakhmout s'aggrave. Certes, il y a encore des petits supermarchés ouverts. Mais la question est de savoir pendant combien de temps encore. Les supermarchés doivent être approvisionnés. Apparemment, les chaînes d'approvisionnement fonctionnent encore en partie, contrairement à ce qui s'est passé en mai dans la région de Lougansk. La ville de Bakhmout peut même encore faire fonctionner un hôpital - bien que celui-ci ait déjà été bombardé.

Malgré cela, les gens sur place ont faim. L'eau potable n'est disponible que dans des endroits désignés. La principale cible des attaques russes est l'infrastructure critique. L'électricité, l'eau, le réseau ferroviaire. Une visite du centre-ville avec une organisation humanitaire rend la situation évidente. Ce sont surtout les femmes âgées qui ne peuvent plus satisfaire leurs besoins de base. Tous les deux mètres, on demande aux membres de l'ONG de la nourriture. Des personnes isolées fuient la région.

Des semaines dans une cave

Retour au champ de ruine dans le sud de la ville. Ici, une femme se tient à l'entrée d'un bunker. Il fait froid, l'air est humide, les environs sont un champ de bataille de métal. Elle a attaché son chihuahua à sa poitrine avec sa veste et le tient avec une main. De l'autre, elle fume une cigarette.

A woman walks across an exploded bridge in Bakhmut, Ukraine, Donetsk region, Ukraine, Friday, Nov. 11, 2022. (AP Photo/LIBKOS)
photo: keystone

Ce jour-là, une organisation humanitaire ukrainienne évacue 15 personnes de Bakhmout. Cette femme sera l'une d'entre elles.

Il n'y a pratiquement pas de lumière dans le bunker. Seule une guirlande lumineuse LED alimentée par des piles pend du plafond de deux mètres de haut. Jusqu'à ce que le propriétaire du site mette en marche un groupe électrogène de secours, qui vibre et qui gronde si fort qu'il éclipse presque complètement le bruit de fond de la guerre. Mais cela aide à lutter contre l'obscurité.

Le bunker se remplit. Des personnes de l'est de la ville sont amenées ici par l'organisation afin qu'elles puissent finalement quitter ensemble la zone de guerre. Parmi les personnes qui attendent, le chihuahua rôde et tremble. Les impacts qui ne sont pas très loin s'entendent aussi derrière les épais murs de béton.

Cela fait des semaines que l'on passe la nuit, que l'on cuisine et que l'on vit dans cette cave. Au bout de quatre heures, les gens quittent enfin la zone.

Il faut être rapide: sortir dans la rue, monter dans la voiture complètement remplie. Deux cents mètres plus loin, une antenne-relais attire l'attention. C'est le fameux pylône de transmission.

La bataille fait rage à Backhmout
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La bataille fait rage à Bakhmout
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