Faisons d'abord un peu connaissance avec ce soldat du futur:
Il faut savoir que «Spot» n'est pas un robot militaire. Du moins, pas uniquement. Il a été conçu, comme la plupart des robots d'ailleurs, pour nous faciliter la vie, à nous, pauvres mortels. Il est, par exemple, capable de faire le malin en terrains accidentés, faire du repérage, collecter des informations, grimper des escaliers ou enjamber de petits murets, ouvrir des portes et manipuler des matériaux qui pourraient s'avérer dangereux pour un être humain.
C'est précisément cette dernière compétence qui va bientôt concerner Zelensky et ses troupes. L'armée américaine a accepté, cette semaine, d'envoyer en Ukraine l'un des deux robots quadrupèdes qu'elle possède. Pourquoi? Pour aider une organisation (américaine, elle aussi) à se débarrasser des mines et des munitions gaspillées en nombre par les soldats russes depuis le début du conflit. Précision qui a son importance: l'Ukraine a, devant elle, un boulot de nettoyage de munitions qui est (déjà) similaire à celui de la Seconde Guerre mondiale.
Cette société à but non-lucratif s'appelle Halo Trust. Une entreprise de déminage qui travaille déjà depuis plusieurs semaines sur les terres bombardées d'Ukraine.
Chris Whatley précise que des tests spécifiques à la guerre en Ukraine ont été réalisés l'année dernière en compagnie de «Spot». Selon lui, l'animal métallique s'est plutôt bien débrouillé, notamment «avec de petites cartouches volatiles, similaires à celles qui ont été aperçues dans toute l'Ukraine».
«Spot», et c'est le véritable avantage de sa présence en Ukraine, sera notamment en mesure de «pousser» des bombes à fragmentation vers des fosses, permettant aux humains (cette fois) de les faire exploser loin de toute présence civile. Des gros boums qui se feront, toujours selon le directeur exécutif de Halo Trust, «par lots de 50 à 100 obus».
De son côté, le service de presse de la société Boston Dynamics n'a pas commenté ce prêt de quadrupède à l'Ukraine. Il s'est contenté de réaffirmer que «"Spot" est un robot principalement utilisé pour inspecter des matières potentiellement dangereuses, à bonne distance». En clair: il sera parfait pour préserver la vie humaine.
En France, en 2021, «Spot» a été testé avec des hommes en treillis, mais dans une toute autre configuration. Dans le cadre d'exercices à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, le robot a aidé les fantassins au sol, dans un cadre urbain, à explorer des bâtiments et à «effectuer une reconnaissance à l’extérieur».
Mais l'armée, comme les Américains d'ailleurs, pointe encore de gros points faibles: le temps d’action est long et l'autonomie de «Spot» est limitée. «Il est tombé en rade pendant un assaut». (Oups.)
Chris Whatley, le directeur exécutif de Halo Trust, espère étendre à 50 le nombre d'équipes de déminage en Ukraine. D'ici la fin de 2022. «Et nous pouvons facilement imaginer nos démineurs aligner une meute d'une douzaine de "Spot" dans un avenir proche», a-t-il expliqué à foreignpolicy.com.
(fv)