Keir Starmer rame mais garde le cap
Quinze mois seulement après son arrivée au pouvoir, le premier ministre britannique accumule les déboires: économie au ralenti, niveau record du chômage depuis quatre ans, vagues d'immigration illégale et inflation plus élevée qu'ailleurs en Europe.
En parallèle, la formation d'extrême droite de Nigel Farage, Reform UK, poursuit son ascension. Dans un sondage publié dimanche, elle a dépassé le Labour de 12% en capitalisant sur le rejet de l'immigration d'une partie des Britanniques.
Récents déboires
«Ils veulent déchirer ce pays», a-t-il ajouté, jugeant «raciste» et «immoral» le projet de ses adversaires de remplacer le titre de séjour permanent des migrants non européens par des visas à renouvellement régulier.
Le premier ministre s'exprimera mardi devant ses militants. Il entend présenter les prochaines législatives, prévues en 2029, comme un choix entre le «renouveau patriotique» qu'il défend et la «division toxique» prônée par Reform UK.
Mais certains se demandent si Keir Starmer sera encore à Downing Street d'ici quelques mois.
Ces dernières semaines, il a fait face à la démission de sa vice-première ministre, Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale. Il lui a aussi fallu composer avec le départ de plusieurs conseillers, et le limogeage de son ambassadeur aux Etats-Unis, Peter Mandelson, rattrapé par ses liens avec Jeffrey Epstein.
Le congrès sera l'occasion pour les militants «d'exprimer leur mécontentement à l'égard de Starmer», estime Steven Fielding, professeur de sciences politiques.
«Il a le parti et le pays contre lui», ajoute-t-il, alors que le peu charismatique locataire de Downing Street enregistre le plus bas taux de satisfaction – 13% – pour un premier ministre britannique depuis 1977, selon le sondage.
Moment crucial
Starmer a certes enregistré des succès incontestables à l'international, comme la bonne relation qu'il a pu développer avec Donald Trump, la coordination de l'effort européen de soutien à l'Ukraine, et le rapprochement avec l'Union européenne, que son gouvernement veut encore accentuer avec un accord de mobilité des jeunes travailleurs.
Mais au niveau national, son bilan est moins glorieux.
Sa réforme des aides sociales au printemps, finalement avortée après une fronde dans son parti, et le gel des aides au chauffage pour les retraités ont alimenté la colère des Britanniques et de l'aile gauche du Labour.
Et en matière d'immigration, la politique et le discours de fermeté du travailliste ne semblent pas convaincre les Britanniques, et «mettent mal à l'aise» beaucoup de membres de son parti, souligne le professeur. (ats)
