Sachez déjà que, techniquement, le combat paraît foutrement inégal. Même si la guerre nous a appris à nous méfier des apparences, les chiffres parlent d'eux-mêmes.
D'un côté, Mère-Patrie, une Russe de 56 ans, habillée de 5500 tonnes de béton et 2400 de métal. Elle mesure 85 mètres. Rien que son épée fait 33 mètres de haut et pèse 14 tonnes. Son coach actuel: Vladimir Poutine.
En face, Liberty, une Française (naturalisée américaine) accusant 136 ans au compteur, n'en mène pas large (ni haut). Elle mesure à peine 46,95 mètres (oui, sans le socle, concentrez-vous). Sans oublier qu'elle n'a qu'une vulgaire torche pour espérer se défendre, malgré quelques feuilles d'or inutiles, histoire de faire diversion. Son coach actuel? Joe Biden.
(On n'a pas mis de photo de Liberty, parce que vous êtes tous censés avoir déjà déboursé une fortune pour la voir en vrai.)
Dès les premières secondes, on comprend que c'est la Russe qui cherche des noises à l'Américaine. On sent bien qu'elle représente un Kremlin belliqueux, appelant sa population à mettre l’ennemi à genou. Bon, à l'époque, l'assaillant se battait sous les couleurs de l’Allemagne nazie, mais Mère-Patrie n'a pas tant changé d'état d'esprit, 56 ans plus tard.
Gueule ouverte, sourcils en chasse-neige, l'oeil vénère, la dame se rue frontalement sur une Liberty qui, au début, se laisse bercer au rythme des tentatives d'intimidation. Il faut dire aussi qu'elle potassait peinarde la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis à la lueur de sa torche quand la première passe d'armes a démarré.
Une immense déception. Malgré un ring new-yorkais du plus bel effet et une musique qui pourrait donner envie d'envahir n'importe quel pays à mains nues, les deux athlètes bétonnées manquent cruellement de souplesse. Les attaques sont prévisibles et la niaque est restée au vestiaire.
Au bout de trente secondes plutôt pénibles, sentant qu'elle pouvait s'endormir à tout moment, Liberty finit par offrir sa nuque à Mère-Patrie, préférant se faire décapiter en un seul round plutôt que d'alimenter le malaise. Même le Batman et Robin de 1997 était plus palpitant. On attendait beaucoup plus de cette Russie qui, depuis une interminable année, ne lésine pourtant pas sur les invectives à l'encontre du démon américain.
Alors que le superbowl a pu compter sur le divertissement de Rihanna, ici, les millions de curieux (oui...) ont dû se contenter d'une vague citation de Pierre le Grand qui marmonne un truc comme «la Russie n'a pas de rival». Comme quoi, il faut toujours laisser l'entertainment aux Ricains.
La bagarre a été fomentée par des bookmakers russes communément appelés propagandistes. Actifs sur internet, ils ont été engagés pour faire croire au peuple que Mère-Patrie est une battante. De l'esbroufe! Sans être de grands spécialistes, on comprend vite que le combat est truqué. Non seulement les effets spéciaux sont tout pourris, mais ce sont des statues. Et les statues, désolé, ça ne se chamaille pas dans le ciel comme des Marvel.
Remarque, l'Europe n'étant pas non plus la meilleure pote de la Russie, on rêve presque que Poutine découvre l'existence du Manneken-Pis.