Non, ce nom aux consonances poétiques ne cache pas un dessert.
Le «Moscou-Paris» n'a rien d'une douceur, au contraire: ce flux d'air glacial fera plutôt l'effet d'une baffe.
Cette bise mordante venue de Russie se fera sentir jusque chez nous. Toutefois, la vague de froid devrait être un peu moins rude que redoutée. Les températures devraient seulement se situer à 3°C en dessous des moyennes de saison, explique Futura Sciences.
C'est en effet en Scandinavie et en Europe de l'Est que le froid sera le plus intense. Cette vague de froid devrait durer environ dix jours. Entre jeudi et samedi prochain, toute l'Ukraine sera concernée par des températures comprises entre -10 et -18°C, annonce la Chaîne Météo. Dans la capitale Kiev, où le mercure oscille actuellement entre -4°C le matin et 0°C l’après-midi, on prévoit -15°C vendredi.
Et cette chute des températures n’est vraiment, vraiment, pas une bonne nouvelle.
Le froid devrait compliquer davantage la situation humanitaire et les difficultés des Ukrainiens – ceux qui ont décidé de quitter le pays et ceux qui sont toujours dans le pays.
Des milliers de logements ont déjà été privés d’eau, d’électricité et de chauffage en raison des bombardements.
Le «Moscou-Paris» n'épargnera pas non plus les champs de bataille.
Ce ne serait pas la première fois que le froid jouerait un rôle clé dans le développement des opérations militaires: historiquement, de nombreuses invasions militaires de la Russie sont tombées à l'eau en raison de son climat hostile. En voici quelques exemples.
Charles XII a été roi de Suède de 1697 à 1718. Son règne a été presque entièrement consacré à la bien nommée «grande guerre du Nord». Ses armées ont été vaincues à la bataille de Poltava en 1709, au cours de l'hiver le plus rigoureux du XVIIIe siècle.
Ce qui peut sembler paradoxal (les Suédois ne sont pas réputés pour être frileux). Mais c'était sans compter la «politique de la terre brûlée» appliquée par les Russes, consistant à tout brûler sur le passage des troupes face à l'avancée de l'armée étrangère. Aussi simple que ça.
Même l'un des généraux les plus coriaces de l'Histoire s'est fait avoir. Le déploiement impressionnant de plusieurs centaines de milliers d'hommes n'a pas suffi à pallier l'impréparation de ses troupes au froid.
Le 6 décembre 1812, affaiblie par les maladies et le manque croissant de nourriture, l'armée napoléonienne doit supporter des températures de -38°C. On connait la suite: l'expression «Bérézina» n'est pas entrée dans le jargon populaire pour rien.
Le dictateur n'a pas retenu la leçon de ses prédécesseurs. En août 1942, il lance une offensive pour prendre le contrôle de Stalingrad (aujourd'hui Volgograd).
Le conflit s'enlise. Les troupes allemandes, nettement moins bien acclimatées au froid que les Soviétiques, sont ravagées. Le 13 novembre 1942, la température descend en dessous de -20°C et jette une douche (froide) sur les intentions expansionnistes d'Hitler.
Bilan de la bataille: deux millions de décès dans les deux camps, la défaite finale de l'armée nazie le 2 février 1943 et une ville de Stalingrad dévastée, jonchée de cadavres et paralysée par le climat hivernal.
Ne reste plus à espérer qu'un scénario de bataille similaire ne prenne place à Kiev dans les prochaines semaines. Malheureusement, il semblerait que les hommes tirent rarement de leçon du passé.