En Russie, la situation est de plus en plus difficile pour les opposants. Le leader de l'opposition Alexeï Navalny en fait une fois de plus les frais ces jours-ci. Depuis février 2021, il purge une peine de 11 ans et demi en camp de travail à une centaine de kilomètres à l'est de Moscou.
Ce dernier a été condamné pour avoir enfreint, durant l'été 2020, les conditions de sa mise à l'épreuve dans le cadre de procédures antérieures. L'année dernière, sa peine s'est même alourdie et a été prolongée de neuf ans pour fraude et outrage au tribunal.
Cette condamnation n'est pas la seule à être considérée comme politiquement motivée par de nombreux observateurs. La Cour européenne des droits de l'homme a également blâmé la Russie pour son action contre l'opposant dans le passé.
Cela ne devrait pas être la dernière condamnation douteuse. C'est ce que montrent les circonstances des derniers procès de Navalny: le 26 avril, un tribunal de Moscou s'est penché à huis clos sur les nouvelles accusations portées contre l'homme de 46 ans. Selon le média indépendant russe Meduza, il s'agit de terrorisme et d'extrémisme.
Et Navalny doit répondre aux accusations d'ici le 5 mai. Cela risque d'être impossible, et pas seulement en raison de son état de santé fragile. Selon ses propres dires, il s'agit d'une conséquence des conditions de détention dans le centre pénitentiaire. Navalny accuse même le gouvernement de l'avoir empoisonné en prison.
Le nombre de dossiers de procédure que Navalny devrait analyser d'ici là rend la chose difficile: selon Meduza, ils comprennent 196 volumes de dossiers individuels. Par ailleurs, Navalny est confronté à une procédure supplémentaire pour «terrorisme», qui sera jugée par un tribunal militaire. Les soutiens de Navalny ont rendu cette information publique sur les médias sociaux. Peu après l'ouverture de la procédure, le tribunal a décidé d'exclure le public, justifiant cette décision par la protection d'informations sensibles.
Navalny lui-même n'a pas eu accès aux détails des accusations. Un facteur que l'opposant a reproché au tribunal, les accusant d'une manoeuvre illicite, avec pour but de lui compliquer la tâche – il lui était difficile de se familiariser avec les accusations faites à son encontre.
Selon le compagnon d'armes de Navalny, Ivan Jdanov, il se pourrait que le procès devant le tribunal militaire soit lié au décès du populaire blogueur militaire et propagandiste de guerre Vladlen Tatarsky.
Tatarski est mort début avril dans un attentat à la bombe dans un café de Saint-Pétersbourg. Le lendemain, une jeune femme de 26 ans a été arrêtée et accusée d'avoir commis l'attentat. Les services secrets russes (FSB) affirment qu'elle et l'acte sont liés aux soutiens de Navalny. Ceux-ci le nient toutefois et accusent le FSB d'être lui-même à l'origine de l'attentat.
Mais ce sont toutes les activités de la fondation anti-corruption de Navalny, qu'il a créée en 2011, qui sont au centre de l'attention. Elle s'occupait principalement des rapports de corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement russe. Le président, Vladimir Poutine, a également été mis en cause par Navalny.
En août 2020, l'opposant a été présumé empoisonné par l'agent neurotoxique soviétique «Novitchok», avant de se faire hospitaliser d'urgence à Berlin. Lors de son retour en Russie, il est écroué et envoyé en prison par la justice russe. Son séjour berlinois constituait une violation de sa liberté conditionnelle.
Le procès pour terrorisme devant le tribunal militaire est d'une importance particulière. Si Navalny est condamné dans le cadre de ce procès, il risque une peine de prison à vie.
(Traduit et adapté par Pauline Langel)