Mikhaïl Sokolov avait 19 ans lorsque les services secrets russes (FSB) l'ont recruté comme collaborateur non officiel dans un poste de police de sa ville natale de Votkinsk, à 1300 kilomètres de Moscou. Le jeune homme s'y était déjà fait un nom avec des vidéos sur YouTube, en tant qu'activiste local contre la corruption. Six ans plus tard, il raconte à The Guardian:
Sous prétexte qu'il s'était soustrait au service militaire, les services secrets l'auraient menacé de deux ans de prison. Sous cette pression, il a accepté d'informer le FSB des activités de l'opposition et de la manifestation prévue à Votkinsk, une ville de 100 000 habitants. Une à deux fois par mois, il aurait dès lors rencontré ses officiers supérieurs, le plus souvent sur un parking isolé.
Souvent, les officiers du FSB lui demandaient aussi de leur fournir du matériel compromettant sur des fonctionnaires ou des hommes d'affaires afin de pouvoir les faire chanter. Il lui arrivait aussi d'agir en tant qu'agent double pour avertir des militants amis d'une menace de poursuite.
The Guardian reconnaît qu'il n'est pas possible de confirmer tous les détails du rapport de Mikhaïl Sokolov. Il aurait toutefois montré à la rédaction des historiques de discussion avec ses officiers du FSB. En outre, deux collaborateurs de l'opposant russe Alexeï Navalny auraient confirmé que Mikhaïl Sokolov les avait contactés et avait avoué les avoir espionnés pour le FSB. Il a travaillé pour Alexeï Navalny de 2017 à 2021, avant d'obtenir un poste d'enquêteur rémunéré au sein de son organisation de lutte contre la corruption. Il se souvient:
Il n'est pas clair quel rôle les informations de Mikhaïl Sokolov ont joué dans la poursuite d'Alexeï Navalny et de son organisation début 2021.
C'est ce qu'a confirmé à The Guardian un de ses collègues de l'époque. Il témoigne:
Le FSB ne voyait toutefois plus d'utilité pour lui en Russie et l'a envoyé à Tbilissi (Géorgie) pour faire des repérages de l'opposition en exil. Après l'invasion de l'Ukraine le 24 février, Mikhaïl Sokolov a coupé les liens avec le FSB et a rejoint la Free Russia Foundation, qui organisait des manifestations contre le régime de Vladimir Poutine en Géorgie.
Avec un ami, il serait d'abord parti à Istanbul pour rejoindre l'armée ukrainienne. Mais celle-ci aurait refusé d'accepter des citoyens russes dans la légion internationale.
Il ajoute que lorsque la situation en Géorgie est devenue trop dangereuse pour des opposants comme lui, il s'est rendu aux Pays-Bas pour demander l'asile politique. Il conclut: