A première vue, la photo pouvait ressembler à n'importe quel cliché de vacances: un touriste bronzé et en slip de bain immortalisé sur la plage d'une quelconque destination balnéaire. Sauf qu'il s'agissait de la Crimée, la péninsule ukrainienne annexée par Moscou, et que le vacancier en question posait fièrement devant un système de défense antiaérienne S-400.
C'était tout ce dont les adeptes de l'OSINT (Open Source INTelligence) avaient besoin. A partir de l'image, postée en origine sur VKontakte (sorte de Facebook russe), ces enquêteurs bénévoles étaient parvenus à localiser le précieux engin militaire russe, situé à proximité d'un lac salé proche de la ville portuaire d'Eupatoria.
C'était en août 2022. L'image avait fait brièvement le tour du monde, et les choses en étaient restées là. Mais l'Ukraine n'avait visiblement pas oublié et, une année plus tard, l'inadvertance du touriste russe a fini par payer.
Ce jeudi 14 septembre, une forte explosion a été aperçue au loin de la ville d'Eupatoria. Les nombreuses vidéos partagées sur Telegram et les images satellites montrant les conséquences de la détonation ont permis d'identifier la cible de l'attaque: et il s'agit bien évidemment du fameux S-400 russe garé à côté du lac salé.
The video of the S-400 attack in Yevpatoria today was published on the Internet.#Evpatoria #UkraineRussiaWar #War pic.twitter.com/za2t8CnwlH
— üzer ok (@uzer_ok) September 14, 2023
Bien que la localisation de la base antiaérienne avait été rendue publique, les Russes avaient visiblement décidé de ne pas la déplacer, remarque le média Radio Liberty. Des images satellites montrent au contraire qu'elle avait été élargie depuis.
Selon le média Ukrayinska Pravda, la frappe a été organisée par les services secrets ukrainiens (SBU) de concert avec la marine. Cette «opération spéciale unique» aurait été menée en deux temps, raconte une source du SBU au journal: tout d'abord, des drones auraient frappé le radar et les antennes du système antiaérien. Une fois ses «yeux» mis hors de combat, l'engin aurait été définitivement détruit à l'aide de deux missiles navals Neptune.
Selon le centre de réflexion «Institute for the Study of War» (ISW), cette frappe suggère que les forces russes n'étaient pas préparées à intercepter des missiles avec le système ou qu'elles n'ont pas été en mesure de le faire. D'autant plus qu'un autre S-400 avait été intercepté en Crimée seulement quelques semaines plus tôt.
Pour l'ISW, ces «échecs tactiques» peuvent refléter un problème systémique plus large concernant les défenses aériennes russes déployées dans la péninsule annexée. De quoi réjouir la source du SBU, qui a assuré:
(asi)