Nous allons parler ici d'un système de défense antiaérienne et antimissile mobile russe.
Son nom? Le S-400.
Le couac est le suivant: en quelques photos, des vacanciers russes en slip de bain ont (involontairement) déshabillé tout un pan de la stratégie du Kremlin en Crimée. Rien que ça.
Entrons un peu plus franchement dans les détails. Non loin de la ville portuaire d'Eupatoria, des plagistes ont jugé malin de poser à torse nu devant une base antiaérienne de l'armée russe et de poster ensuite le résultat sur les réseaux sociaux. Outre de splendides slips de bain, ces clichés ont offert des informations autrement plus délicates.
Si on ne fait pas gaffe, toute photo postée sur internet abrite des données précises. Parmi elles, la géolocalisation. Et c'est précisément ce qui a permis de révéler l'emplacement des fameux systèmes de défense antiaérienne ennemis. A la base de cette trouvaille, l'analyste romand de 22 ans, Benjamin Pittet.
A new photo confirms the location of the air defense battery near Yevpatoria. The equipment arrived on site around July 20.
— Benjamin Pittet / Бенджамин Питтет (@COUPSURE) August 21, 2022
Geolocation in the next tweet.
Thanks to @kromark for the help.
1/2 https://t.co/R1GsLIJ6vs pic.twitter.com/It2qzsrvgx
Grande star de la communauté OSINT (Open Source INTelligence), ce Biennois traque les déplacements de l'armée russe depuis le début du conflit, en scrutant notamment les images satellites et les vidéos disponibles sur les réseaux sociaux. En clair: il enquête en open source, sans quitter son écran des yeux. Et ça n'a rien d'un gadget puisque c'est grâce notamment aux «osinteurs» comme Benjamin «que les images satellitaires sur la ville de Boutcha ont pu livrer leurs secrets, démontrant que le massacre qui y a eu lieu n'était pas une "mise en scène"», expliquait la RTS en avril dernier.
Selon le journaliste Mark Krutov, du média RadioLiberty, plusieurs de ces photos de vacances contenaient donc des coordonnées géographiques montrant qu'elles ont été prises près de Molochny. Benjamin Pittet précisait, dimanche dans son tweet, que la base russe est en place depuis fin juillet. Et c'est en fouillant un peu plus loin que le Biennois est tombé sur les clichés de touristes russes bombant le torse devant les engins militaires. Postées sur VKontakte (sorte de Facebook russe), les métadonnées des photos ont ainsi prouvé que les S-400 au moment de la prise de ces photos étaient déployés depuis plusieurs semaines «dans un champ au nord des lacs salés».
Lundi dans la journée, le très sérieux ministère de la Défense ukrainien a réagit à cette trouvaille:
Maybe we are being too hard on russian tourists… Sometimes they can be really helpful. Like this man taking pictures at russian air defense positions near Yevpatoria, in occupied Crimea. Thank you and keep up the good work! pic.twitter.com/bj5oEyXU0H
— Defense of Ukraine (@DefenceU) August 22, 2022
Le gouverneur de Sébastopol annexé, Mikhail Razvozhayev (nommé par le Kremlin), a tiré la sonnette d'alarme sur Telegram:
Rappelons enfin que, depuis quelques semaines, plusieurs bases russes ont été malmenées en Crimée. (fv)