Depuis l'invasion de l'Ukraine, l'économie russe est sous pression, frappée notamment par les nombreuses sanctions internationales qui visent ses banques. Pourtant, le secteur financier russe reste florissant. Même Alexander Danilov, haut fonctionnaire de la banque centrale russe, se dit «surpris» par cette évolution.
Ainsi, les bénéfices des banques ont augmenté de 90% en 2023 par rapport à la première année de la guerre en Ukraine, indique Business Insider. Des résultats rendus possibles notamment grâce à un subventionnement massif par l'Etat du système de crédit. Il a entraîné une forte augmentation de la demande de la part de privés, mais aussi des entreprises. Alors qu'il fallait encore assumer en moyenne 15% de taux d'intérêt avant l'invasion de l'Ukraine, ce taux n'est plus que de 8% grâce aux aides du Kremlin - pour les familles, il a même été réduit à 6%.
Maintenant qu'il parvient à maintenir à flot l'économie russe malgré les sanctions occidentales, Vladimir Poutine réclame aux banques d'opérer dans les régions annexées. Il s'est adressé directement à elles:
Le maître du Kremlin souhaite donc que le monde bancaire russe passe à l'action. «Il faut aller plus activement dans ces régions et y travailler», a-t-il conclu, selon l'agence de presse d'état Tass.
Derrière cet appel sans équivoque se cache une stratégie à long terme. Le Kremlin veut s'implanter de manière concrète dans les territoires occupés. Le développement des infrastructures, y compris financières, doit y contribuer. Les régions prises à l'Ukraine doivent ainsi être intégrées le plus rapidement possible au reste du territoire russe.
Poutine a fait remarquer que dans les zones occupées, 2 millions de personnes perçoivent déjà régulièrement des pensions et d'autres paiements de la part de l'Etat russe. D'ici 2025, ce chiffre devrait atteindre 5 millions. En réalité, la Russie, puissance occupante, conditionnerait le versement de ces rentes à la naturalisation pour forcer les Ukrainiens à abandonner leur passeport d'origine.
Après l'annexion de la Crimée en 2014, les banques russes se sont engagées à reculons en Crimée, en raison des sanctions occidentales. Elles sont également peu représentées dans les régions administratives de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson, revendiquées en violation avec le droit international. Sur le plan militaire, les troupes russes ne contrôlent qu'une partie de ces territoires. A voir si les appels du président russe seront entendus pour cette fois.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker