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Ukraine: comment les «journalistes» de Poutine déforment la vérité

Comment les «journalistes» de Poutine déforment la vérité

Des influenceurs apparemment indépendants font des reportages de guerre depuis l'est de l'Ukraine. Ils défendent sur les réseaux sociaux la «dénazification» de l'Ukraine comme motif de l'invasion russe.
02.07.2022, 07:57
Hans-Caspar Kellenberger / ch media
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Peu après le début du conflit en Ukraine le 24 février dernier, le Kremlin a bloqué les plateformes de médias sociaux Facebook, Twitter et Instagram. A l'origine, l'attaque ne devait pas être considérée par la population russe comme une guerre, mais comme une «opération militaire spéciale».

Le gouvernement russe est depuis lors soutenu dans cette «déformation des faits» par des influenceurs fidèles au président Vladimir Poutine. Ces reporters apparemment indépendants sont présents sur les différents canaux de médias sociaux et répartis dans toute l'Europe. Leur rôle? Diffuser de la propagande russe sur la toile.

La propagande de guerre d'une «journaliste de la paix»

La porte-parole la plus en vue du Kremlin dans les pays germanophones est Alina Lipp, 28 ans, qui se décrit comme une «journaliste germano-russe pour la paix». Elle couvre, entre autres, les villes de Donetsk et Marioupol. Elle a d'ailleurs effectué un «voyage de presse» avec le ministère russe de la Défense.

De formation, elle est scientifique spécialisée dans le développement durable. Elle gère son propre site Internet, une chaîne YouTube, le compte Instagram «Nouvelles de Russie» ainsi qu'un canal Telegram du même nom qui compte environ 178 000 membres. Elle y diffuse par exemple des posts et des rapports sur la prétendue supériorité des troupes russes et sur les opérations des Etats-Unis qui, selon elle, se font «sous une fausse bannière, avec des armes de destruction massive en Ukraine».

Elle s'est également exprimée au sujet de l'attaque à la roquette de l'armée russe contre un centre commercial de la ville de Krementchouk, qui a fait au moins 18 victimes. Sur Telegram, elle a diffusé la version du ministère russe de la Défense. Selon celle-ci:

«Le centre commercial n'était pas ouvert, et le feu à l'intérieur a été provoqué par la détonation de munitions d'armes occidentales»
Alina Lipp
Comment les «journalistes» de Poutine déforment la vérité
Alina Lipp

La journaliste Alina Lipp est en partie originaire de Russie. Elle est toutefois née dans le nord de l'Allemagne et a commencé sa carrière dans les médias sociaux avec une chaîne YouTube intitulée «Heureux en Crimée».

La femme vit aujourd'hui dans le Donbass, d'où elle fait des reportages en tant que journaliste indépendante et diffuse – au travers de posts quotidiens – le récit du Kremlin sur la guerre en Ukraine.

Le 12 mars dernier, elle parle dans une vidéo de «la libération par les troupes russes des régions touchées par un génocide». Elle s'exprime également en faveur «d'une Ukraine qui doit être dénazifiée». Selon elle en effet, «des fascistes ont pris le contrôle du pays en 2014».

A la mi-juin, ses publications ont attiré l'attention des parquets de Lüneburg et de Göttingen en Allemagne. Ils ont tous deux ouvert une enquête contre la journaliste pour «crime de haine sur Internet». En effet, Alina Lipp peint le tableau d'une Allemagne sombre. Selon elle, les personnes d'origine russe seraient pourchassées comme les juifs à l'époque du national-socialisme. De plus, en tant «qu'experte de l'Allemagne», elle est régulièrement invitée dans des talk-shows russes et rend compte de «l'opération militaire spéciale» sur la chaîne de télévision Russia Today.

Le correspondant de guerre pro-Poutine

L'Italien Vittorio Rangeloni, 30 ans, est géomètre de profession. Il diffuse de la propagande russe directement depuis le Donbass, où il vit depuis 2015. Il affirme par exemple:

«L'armée ukrainienne utilise constamment des civils comme boucliers et le président Volodymyr Zelensky bombarde son propre peuple»

Vittorio Rangeloni est employé par le ministère de l'information de la République populaire de Donetsk. Sur son compte Instagram, il se décrit comme un «correspondant de guerre». Parmi les photos de victimes de tirs qu'il y partage, il y a uniquement celles de la «République populaire de Donetsk».

Image
capture d'écran: instagram

Ses reportages sont notamment publiés sur la chaîne Russia Today et sur YouTube. Il tourne ses vidéos à Marioupol par exemple, dans lesquelles il interroge des civils en fuite. L'impression générale est que l'Ukraine a attaqué la ville.

Dans les rapports qu'il fait, il présente la Russie comme la libératrice. Il écrit par exemple, sous une photo de lui devant un bâtiment qui abritait deux jours auparavant des combattants ukrainiens retranchés:

«Les gens n'ont désormais plus peur de descendre dans la rue»
Vittorio Rangeloni

Il diffuse le «message selon lequel »les nazis ont pris le contrôle de l'Ukraine.

Le lanceur de propagande sur TikTok

En plus des influenceurs à grande audience, le Kremlin s'adresse également en masse aux personnes sur les réseaux sociaux. Le pouvoir russe communique sur TikTok par exemple, qui compte plus de 1,6 milliard d'utilisateurs dans le monde.

Dès le mois de mars, un montage de plusieurs vidéos TikTok est apparu sur le réseau social, dans lequel des utilisateurs russes répétaient:

«Nous sommes pour la paix, mais le génocide des Russes dans le Donbass doit être stoppé»

L'information concernant un prétendu génocide dans la région a été véhiculée dans une vidéo par Alina Lipp.

(aargauerzeitung.ch)

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source: shutterstock
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Une caméra filme une frappe sur le centre commercial de Krementchouk
Video: watson
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