Pour la famille Peskov, tout va bien dans le meilleur des mondes. Interrogé la semaine passée par la chaîne de télévision étudiante russe MGIMO 360, le bien connu porte-parole de Poutine n'a pas pu s'empêcher d'adresser quelques louanges à sa fille chérie, Elisaveta, et à sa prolifique carrière de femme d'affaires. Un succès de self-made-woman qu'elle ne doit qu'à elle-même, selon Dmitri Peskov.
A en croire le récit familial, malgré la fortune et la position très haut placée de papounet dans l'organigramme étatique russe, Elisaveta Peskova n'aurait jamais bénéficié d'aucun traitement de faveur. Elle n'est en aucun cas l'une de ces «mazhor» - terme utilisé pour désigner cette jeunesse dorée de fils et filles à papa d’hommes politiques, au style de vie décadent.
Ce n'est pas faute pour Elisaveta d'avoir longtemps goûté au train de vie occidental. La jeune femme a élu domicile à Paris en 2016 et y a vécu plusieurs années pour ses études - oeuvrant notamment au Parlement européen, en tant que stagiaire du député français du Rassemblement national, Aymeric Chauprade.
A en croire Dmitri Peskov, à Paris, sa fille aurait toutefois été confrontée à des conditions de vie «très spartiates»:
Interrogée un peu plus tôt cette année sur la chaîne LCI quant à ses liens avec son paternel, sous enquête pour corruption, Elisaveta avait fourni à peu près le même récit de pauvreté, dans un français parfait:
Un dénuement a priori louable. Sauf qu'une enquête menée par la fondation anti-corruption de l'opposant Navalny vient contredire toutes ces belles affirmations. Selon ces journalistes, l'appartement dans lequel vivait Elisaveta à la rue Victor Hugo, détenu par Sirius, une société française détenue à 25% par Elisaveta Peskova, et à 75% par sa mère, vaudrait pas moins de 1,8 million d'euros. On a connu pire, comme chambre de bonne.
Le compte Instagram de la jeune femme de 25 ans donne également un aperçu quelque peu... différent. Cela fait des années que la fille du fonctionnaire du Kremlin y partage son quotidien, ponctué de dîners 5 étoiles à l'Hôtel Bristol, de vols en jet privé et d'essayages de robes de créateurs.
Autant dire que cette nouvelle interview du père Peskov la semaine dernière a fait gentiment ricaner ses opposants politiques. Lyubov Sobol, collaboratrice d'Alexeï Navalny au sein de sa fondation, a répliqué sur les réseaux sociaux en publiant une photo de sa fille, bien calée dans un jet privé, avec la légende:
«Спартанские условия» по мнению патологического вруна Пескова. Да, он издевается pic.twitter.com/gBt2oVdbgd
— Соболь Любовь (@SobolLubov) November 17, 2023
Du côté d'Elisaveta, en tout cas, tout va bien. De retour en Russie depuis cinq ans, l'entrepreneuse nie catégoriquement les informations selon lesquelles elle serait revenue à Paris depuis janvier 2022 et le début de l'offensive russe contre l'Ukraine - une guerre qu'elle n'a pas ouvertement condamnée, même si elle a appelé à la paix dans une publication désormais supprimée, le 25 février, sur Instagram.
Bien que ses liens très proches avec son papa lui ont valu de se trouver en bonne position sur la liste des sanctions internationales, une mesure qu'elle juge «totalement injuste et infondée», cela ne semble guère impacter son business.
L'année dernière, son entreprise dans l'évènementiel a été chargée d'organiser l'événement «Made in Russia» lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, selon The Moscow Times. Et à en croire le média russe indépendant Verstka, les revenus d'Elisaveta Peskova ont été multipliés par 70 en 2022, par rapport à l’année précédente. Tout ça, presque sans l'aide de papa.